10-19 février 1993
France. Début de la campagne électorale
Le 10, un mois et demi avant les élections législatives des 21 et 28 mars, le Rassemblement pour la République (R.P.R.) et l'Union pour la démocratie française (U.D.F.), réunis sous le sigle de l'Union pour la France (U.P.F.), présentent leur programme commun de gouvernement. Pour l'essentiel, ce projet prudent fondé sur une « volonté de réformes » met l'accent sur la lutte contre le chômage, défend la stabilité du franc, propose de nouvelles privatisations, présente une réforme de l'enseignement, garantit une meilleure maîtrise de l'immigration et assure la poursuite de la construction européenne.
Le 17, Michel Rocard appelle les socialistes à effectuer une « rupture » avec le Parti socialiste (P.S.) fondé à Épinay par François Mitterrand en 1971, afin d'accomplir une « renaissance ». Le « candidat naturel » du P.S. à l'élection présidentielle de 1995 s'exprime lors d'une réunion électorale à Montlouis-sur-Loire, dans la banlieue de Tours, ville où s'était tenu le congrès du Parti socialiste de 1920. Notant l'évolution de la conception du monde sur laquelle était fondé le socialisme et dénonçant la « société close attachée à ses rites » qu'incarne à ses yeux le parti, il propose l'édification, au lendemain des élections législatives, d'un « vaste mouvement, ouvert et moderne », qui réunirait les socialistes, les écologistes réformateurs, les centristes sociaux, les rénovateurs communistes et les militants des droits de l'homme. Les socialistes et les écologistes sont partagés face à ce « big bang » politique, tandis que les centristes et les communistes rénovateurs le rejettent.
Les 18 et 19, le président François Mitterrand s'engage dans la campagne électorale en répondant, sur France 3, aux questions que les téléspectateurs lui posent par l'intermédiaire du Minitel. À la condamnation par Michel Rocard, la veille, des « erreurs graves » du P.S., François Mitterrand oppose la défense des acquis du socialisme, notamment des acquis sociaux. Depuis son message de vœux du 31 décembre 1992, le président a rappelé à plusieurs reprises l'importance qu'il accordait aux acquis sociaux. Par ailleurs, François Mitterrand plaide en faveur du partage du travail, qui est présenté par la majorité comme un des moyens de résorber le chômage, dont l'augmentation est le principal reproche adressé aux socialistes par l'opinion. Au sujet des « affaires », il remarque qu'il est le premier président de la République à avoir organisé la lutte contre l'affairisme.