10-24 janvier 2019
Congo (République démocratique du). Victoire contestée de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle
Le 10, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) annonce la victoire de l’opposant Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle qui s’est tenue en décembre 2018. Celui-ci obtient 38,6 p. 100 des suffrages, contre 34,8 p. 100 pour l’opposant Martin Fayulu et 23,8 p. 100 pour Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin du président Joseph Kabila qui ne pouvait se représenter. Le taux de participation est de 47,6 p. 100. Ces résultats sont en contradiction avec les décomptes effectués par les quarante mille observateurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui concluent à la victoire de Martin Fayulu. Ce dernier dénonce un « hold-up électoral » et appelle ses partisans à se mobiliser. Félix Tshisekedi est soupçonné d’avoir négocié les conditions de la transition avec Joseph Kabila.
Le 12, la CENI annonce les résultats des élections législatives organisées le même jour que la présidentielle. La coalition Front commun pour le Congo, menée par le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie fondé par Joseph Kabila, remporte 337 sièges sur 500. La coalition Lamuka, conduite par le Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, qui regroupe les soutiens de Martin Fayulu, obtient 94 élus ; et la coalition Cap pour le changement (Cach), dirigée par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, 46 députés.
Le 15, des fuites de données de la CENI, reprises par la presse internationale, indiquent que Martin Fayulu aurait largement remporté l’élection présidentielle. Ces résultats sont conformes à ceux avancés par la CENCO.
Le 17, l’Union africaine, dirigée jusqu’en février par le président rwandais Paul Kagame, émet « des doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires » et demande « la suspension de la proclamation des résultats définitifs ».
Le 20, la Cour constitutionnelle valide l’élection de Félix Tshisekedi. De son côté, l’Union africaine « prend note » de cette décision et reporte sine die l’envoi à Kinshasa d’une délégation initialement chargée de demander un recomptage des bulletins de vote.
Le 24, Félix Tshisekedi prête serment. Son arrivée au pouvoir constitue la première alternance politique pacifique dans le pays.