Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

10-26 juin 2007

France. Victoire de la majorité présidentielle aux élections législatives

Le 10, la majorité présidentielle remporte très largement le premier tour des élections législatives avec 45,52 p. 100 des suffrages exprimés – dont 39,5 p. 100 pour la seule U.M.P. (37,26 p. 100 en juin 2002) – et 109 des 110 députés élus contre un seul pour le P.S. qui recueille 27,67 p. 100 des voix (24,11 p. 100 en 2002). Sur les onze ministres qui avaient choisi de se présenter, sept dont François Fillon lui-même sont élus et trois autres en ballottage favorable, seul Alain Juppé se trouvant en situation difficile à Bordeaux. À 39,56 p. 100 des inscrits, le taux des abstentions établit un nouveau record pour un premier tour de législatives, conduisant les commentateurs à souligner que la réforme du quinquennat et la primauté reconnue à l'élection présidentielle sur les législatives font désormais de celles-ci, dans la perception des Français, de simples « élections de confirmation ». Le MoDem (7,76 p. 100) et le Front national (4,29 p. 100) enregistrent un échec sévère, d'autant plus que la quasi-absence de « triangulaires » au second tour ne leur permettra pas de peser sur le scrutin. Le P.C., l'extrême gauche, qui est laminée, et les Verts n'atteignent pas la barre des 5 p. 100.

Le 11, Ségolène Royal annonce qu'elle a « laissé un message sur le téléphone de François Bayrou », considérant comme « de [sa] responsabilité de faire cette ouverture ». Cette démarche, objet de critiques au P.S., restera sans réponse de la part de François Bayrou qui confiera le lendemain vouloir éviter « toute ambiguïté ».

Le 13, alors que le projet gouvernemental d'une « T.V.A. sociale », évoqué par le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi Jean-Louis Borloo le soir du premier tour, s'impose dans les débats, le porte-parole du P.S. lance un « seul et unique mot d'ordre: voter socialiste contre la T.V.A à 24,6 p. 100 ». Dénoncé par la gauche, le principe de la T.V.A. sociale consiste à déplacer une partie du financement de la protection sociale des cotisations sociales vers la T.V.A.

Le 14, alors que des sondages illustrent l'impopularité du projet de T.V.A. sociale, le président Nicolas Sarkozy précise, dans un communiqué, « qu'il n'acceptera aucune augmentation de la T.V.A. [...] qui aurait pour effet de réduire le pouvoir d'achat des Français ».

Le 17, en dépit d'un taux d'abstention record (40,01 p. 100), le second tour des législatives enregistre un sursaut relatif des votants en faveur de la gauche, qui améliore sensiblement sa représentation au Palais-Bourbon: le P.S. compte 184 élus (+ 43) au sein d'une opposition de gauche forte de 227 sièges sur un total de 577; le P.C., avec ses apparentés et le concours des 4 élus Verts peut espérer former un groupe, alors que le MoDem devra se contenter de 4 sièges. La victoire de la majorité présidentielle, moins écrasante qu'elle ne semblait devoir l'être au soir du premier tour, n'en est pas moins nette, avec 323 élus U.M.P. et apparentés, auxquels s'ajoutent les 20 députés du Nouveau Centre. Depuis les législatives de 1978, c'est la première fois, en France, que la majorité se succède à elle-même. La défaite d'Alain Juppé à Bordeaux constitue toutefois un événement marquant, non seulement pour l'intéressé, dont le retour en politique est stoppé net, mais aussi pour le gouvernement, qui va devoir remplacer son numéro deux, invité à démissionner en application de la règle énoncée par François Fillon.

Le 19, ce dernier livre la nouvelle composition de son gouvernement, où Jean-Louis Borloo succède à Alain Juppé comme ministre d'État, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables; il est lui-même remplacé à Bercy par Christine Lagarde, Michel Barnier faisant son entrée pour reprendre le portefeuille de l'Agriculture et de la Pêche. Sont également nommés: Laurent Wauquiez, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, qui remplira les fonctions de porte-parole du gouvernement; Valérie Létard, secrétaire d'État auprès du ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, chargée de la Solidarité; Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, chargée de l'Écologie; Christian Estrosi, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales, chargé de l'Outre-mer; André Santini, secrétaire d'État auprès du ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, chargé de la Fonction publique; Jean-Marie Bockel, sénateur-maire P.S. de Mulhouse et ancien ministre dans le gouvernement Fabius, nommé secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé de la Coopération et de la Francophonie; Hervé Novelli, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi, chargé des Entreprises et du Commerce extérieur; Fadela Amara, présidente de l'association Ni putes ni soumises, nommée secrétaire d'État auprès de la ministre du Logement et de la Ville, chargée de la Politique de la ville; Alain Marleix, secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants; Rama Yade, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme; Luc Chatel, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi, chargé de la Consommation et du Tourisme; enfin, Bernard Laporte, actuel sélectionneur du XV de France, prendra ses fonctions de secrétaire d'État chargé de la Jeunesse et des Sports auprès de la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports à la fin d'octobre, après la Coupe du monde de rugby.

Le 20, Nicolas Sarkozy prononce un discours télévisé volontariste: « J'ai été élu pour faire quelque chose sur tout », affirme-t-il.

Le 26, les députés élisent Bernard Accoyer (U.M.P.) à la présidence de l'Assemblée nationale. La présidence de la commission des finances, réservée à l'opposition, revient à Didier Migaud (P.S.). Le P.C.F. et les Verts décident de former un groupe parlementaire unique.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents