10-26 octobre 1995
France - Algérie. Annulation de la rencontre entre les présidents Jacques Chirac et Liamine Zeroual
Le 10, Jacques Chirac confirme qu'il rencontrera bien le président algérien Zeroual, à l'occasion des cérémonies marquant le cinquantième anniversaire des Nations unies, à New York. Pour le président français, « la solution [à la crise algérienne] ne peut être fondée que sur un dialogue avec l'ensemble de ceux qui, en Algérie, récusent la violence [...]. Le pas essentiel, c'est [...] de faire des élections législatives, libres et démocratiques [...]. À partir de là, on peut imaginer qu'un processus démocratique se renforce et que la paix civile revienne ». « Si les autorités algériennes ne tiennent pas compte des demandes que nous leur présentons [...], nous en tirerons les conséquences », ajoute Jacques Chirac, évoquant pour la première fois la possible remise en cause de l'aide française. Les relations entre les deux pays s'étaient dégradées depuis l'interruption du processus démocratique, en janvier 1992. L'ex-Front islamique du salut, le Front des forces socialistes et le Front de libération nationale, en Algérie, et le Parti socialiste, en France, dénoncent cette rencontre qui pourrait apparaître comme un soutien au président algérien au moment où doit s'ouvrir la campagne de l'élection présidentielle à laquelle celui-ci est candidat.
Le 17, le nouvel attentat perpétré à Paris relance le débat au sujet des conséquences de la rencontre Chirac-Zeroual sur la sécurité en France.
Le 22, à New York, Liamine Zeroual décide d'annuler la rencontre avec Jacques Chirac. D'après la partie française, cette décision serait liée au fait que Jacques Chirac a refusé la médiatisation de l'entretien que souhaitait le chef de l'État algérien. La partie algérienne, quant à elle, dénonce « la persistance d'attitudes unilatérales et l'escalade des propos publics qui peuvent s'assimiler à une atteinte à la dignité et à la souveraineté du peuple algérien ». À Alger, partisans et détracteurs du président Zeroual se félicitent de l'annulation de sa rencontre avec Jacques Chirac. En France, le P.S. parle de « camouflet » essuyé par le président français.
Le 26, lors de son intervention télévisée sur France 2, Jacques Chirac confirme que la France entend « proportionner son aide au rythme » de la démocratisation du régime algérien.