10-29 août 2003
France. Surmortalité des personnes âgées en raison de la canicule
Le 10, Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, évoque dans Le Parisien et sur T.F.1 la surmortalité chez les personnes âgées due à la canicule qui frappe le pays depuis le début du mois, et dont les effets sont accentués par la pollution atmosphérique qui l'accompagne. Il met en cause les pouvoirs publics qui « ne prennent pas la mesure de la gravité de ce qui se passe » et demande des moyens supplémentaires.
Le 11, le ministre de la Santé, Jean-François Mattéi, en vacances, dément quant à lui avoir sous-estimé la gravité de la situation. Il affirme que « tous les services sanitaires sont en état d'alerte » et annonce la mise en place d'un numéro vert téléphonique indiquant « toutes les mesures de prévention ».
Le 12, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, dénonce, depuis son lieu de vacances, une « polémique partisane sur la canicule ».
Le 13, il demande aux préfets d'Île-de-France d'activer le « plan blanc » de mobilisation exceptionnelle des moyens hospitaliers disponibles. La mesure sera étendue à toutes les régions le lendemain.
Le 14, Jean-François Mattéi parle d'« une véritable épidémie » et estime, à l'issue d'une réunion de coordination présidée par le Premier ministre, entre 1 500 et 3 000 le nombre de décès dus à la canicule.
Le 15, les corps de personnes victimes des effets de la canicule commencent à être entreposés dans un local frigorifique du marché de Rungis (Val-de-Marne) réquisitionné en raison de la saturation des morgues de la région parisienne.
Le 18, le ministre de la Santé admet n'avoir pas reçu « les signaux d'alerte » nécessaires pour « agir à temps », faisant allusion à des dysfonctionnements à l'Institut national de veille sanitaire (I.N.V.S.) et à la Direction générale de la santé. Lucien Abenhaïm, directeur général de la santé, démissionne.
Le 20, les Pompes funèbres générales estiment à plus de 10 000 le nombre de décès supplémentaires dus à la canicule depuis le début du mois.
Le 21, dans une allocution télévisée prononcée à l'issue du Conseil des ministres de rentrée, le président Chirac, de retour de vacances au Canada, affirme que « tout sera fait pour remédier aux insuffisances que nous avons constatées dans notre organisation sanitaire » et annonce de prochaines mesures pour renforcer la « solidarité » avec les personnes âgées.
Le 26, Jean-Louis Debré, président (U.M.P.) de l'Assemblée nationale, se déclare favorable à la création d'une commission d'enquête parlementaire – demandée par l'opposition socialiste et communiste – sur les causes et les conséquences de la crise sanitaire provoquée par la canicule.
Le 26 également, le Premier ministre propose de supprimer un jour férié afin de financer, à l'aide du surcroît de cotisations sociales ainsi perçues, une partie du plan pluriannuel, en cours d'élaboration, en faveur des personnes âgées. Les syndicats et l'opposition repoussent cette idée.
Le 29, l'I.N.V.S. présente un premier bilan provisoire de la surmortalité due à la canicule, qui s'élève à 11 435 morts pour la première quinzaine du mois, période couverte par la vague de chaleur. Son directeur, le professeur Gilles Brücker, avoue une part de responsabilité dans le défaut d'alerte des autorités politiques, l'imputant à l'absence d'outils adaptés. Dans son rapport, l'I.N.V.S. affirme que la forte augmentation du nombre d'interventions des sapeurs-pompiers, dès le 5, pour des malaises liés à la canicule, n'a pas été répercutée par le ministère de l'Intérieur aux autorités sanitaires.