10-29 mai 1981
France. Élection de François Mitterrand à la présidence de la République
François Mitterrand est élu président de la République par 51,75 p. 100 des voix contre 48,24 p. 100 à Valéry Giscard d'Estaing ; le taux d'abstention est de 14,14 p. 100.
Dès l'annonce des résultats, à 20 h, des manifestations spontanées de joie ont lieu dans la plupart des grandes villes de province et à Paris, place de la Bastille, où s'improvise une fête populaire.
Le 11, Raymond Barre évoque, dans une déclaration, l'« immense responsabilité » de ceux qui n'ont pas « hésité à jouer au quitte ou double le sort de la République ». Valéry Giscard d'Estaing dénonce de son côté les « trahisons préméditées », visant lui aussi Jacques Chirac. Pourtant il propose un « rassemblement démocratique au centre de la politique française ». Les messages de félicitations affluent de l'étranger, parfois teintés de circonspection. À la Bourse de Paris, l'afflux des ordres de vente rend impossible la cotation de la quasi-totalité des valeurs françaises. Le napoléon gagne 8,3 p. 100 tandis que le franc fléchit assez sensiblement sur le marché des changes.
Le 11, toujours, le général Alain de Boissieu se démet de ses fonctions de grand chancelier de l'ordre national de la Légion d'honneur, pour ne pas avoir à reconnaître comme grand maître « un homme qui insulta le général de Gaulle ». François Mitterrand installe immédiatement une « antenne présidentielle » dirigée par Pierre Beregovoy, chargé d'assurer la liaison avec l'Élysée jusqu'à son installation officielle.
Du 12 au 21 se déroule l'interrègne. Tandis que l'équipe du nouveau président prend connaissance des dossiers, l'ancienne gère les affaires courantes. Cette attente se fait particulièrement sentir sur le marché des changes, où le franc atteint son cours plancher au sein du S.M.E. La Banque de France intervient massivement pour le soutenir. À la Bourse, la baisse des valeurs atteint presque 20 p. 100.
Le 19, Valéry Giscard d'Estaing, dans son « message de départ aux Français », indique qu'il reste « à la disposition du pays ».
Le 21 ont lieu les cérémonies officielles d'installation du nouveau président. Après avoir été reçu à l'Élysée par le président sortant – qui quitte le palais présidentiel à pied sous les huées de la foule massée rue du Faubourg-Saint-Honoré – François Mitterrand prononce une brève allocution, déclarant : « J'avancerai sans jamais me lasser sur le chemin du pluralisme. » Il remonte ensuite les Champs-Élysées et dépose une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu. L'après-midi, il est reçu à l'Hôtel de Ville de Paris par Jacques Chirac, puis il se rend au Panthéon où il dépose une rose sur les tombes de Jean Jaurès, de Victor Schœlcher et de Jean Moulin. La foule, énorme malgré la pluie, écoute l'Orchestre de Paris jouer l'« Hymne à la joie » de la IXe Symphonie de Beethoven, avant de se répandre dans les rues du Quartier latin pendant une partie de la nuit.
Le même jour, Pierre Mauroy est nommé Premier ministre, Pierre Beregovoy secrétaire général de l'Élysée, et le général de corps aérien Jean Saulnier chef d'état-major particulier du président de la République.
Le 22, Mitterrand rend publics l'état de son patrimoine ainsi que son état de santé.
Le 25, le nouveau président entame ses premières consultations, en recevant successivement Georges Marchais, Jacques Chirac, Jean Lecanuet et Lionel Jospin.
Le 26, c'est au tour des dirigeants des cinq grandes organisations syndicales et de la F.E.N. de se rendre à l'Élysée.
Le 29, les représentants des chefs d'entreprises, reçus également, expriment leur « préoccupation ».