10-30 janvier 2003
Irak - O.N.U.. Poursuite des inspections et préparation d'une intervention américaine
Le 10, le Premier ministre grec Costas Simitis, président en exercice de l'Union européenne, déclare que l'Europe « ne veut pas de guerre » en Irak.
Les 11 et 12, le roi Abdallah II de Jordanie, le président égyptien Hosni Moubarak, le prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz, le Premier ministre de Malaisie Mohammad Mahathir et le Premier ministre de Turquie Abdullah Gül énoncent, chacun de son côté, des mises en garde contre les conséquences d'une guerre en Irak.
Le 13, le président de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohamed ElBaradei déclare que les inspecteurs du désarmement, de retour en Irak depuis novembre 2002, ont encore besoin de « quelques mois » pour accomplir leur mission, ce que confirme le président de la Cocovinu (ou Unmovic), Hans Blix.
Le 13 également, le pape Jean-Paul II réaffirme devant le corps diplomatique près le Saint-Siège son opposition à une guerre en Irak.
Le 13 toujours, les aviations américaine et britannique effectuent des raids, en Irak, près de Bassorah, contre des batteries côtières de missiles sol-mer, alors qu'elles concentraient jusqu'alors leurs tirs sur des installations de défense aérienne.
Le 17, le secrétaire d'État américain Colin Powell déclare, dans un entretien publié par plusieurs journaux, qu'« à la fin du mois, il sera largement prouvé que l'Irak ne coopère pas » avec les missions d'inspection de l'O.N.U., et réaffirme que, en l'absence de décision de la communauté internationale de désarmer l'Irak par la force, les États-Unis « devront assumer seuls cette responsabilité ».
Le 18, à San Francisco, quelque 50 000 personnes clament leur opposition à la guerre en Irak, lors de la plus grande manifestation pacifiste dans le pays depuis la fin de la guerre du Vietnam.
Le 19, Hans Blix et Mohamed ElBaradei, en visite à Bagdad, font état de « certains progrès » dans leurs discussions avec les dirigeants irakiens.
Le 20, alors que l'envoi de renforts américains et britanniques dans le Golfe se poursuit, le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin déclare, devant le Conseil de sécurité, que « rien ne justifie aujourd'hui d'envisager une action militaire » en Irak, dénonçant l'« aventure » dans laquelle s'engagent les États-Unis. La France menace implicitement d'utiliser son droit de veto au Conseil pour faire obstacle à une résolution américaine autorisant l'emploi de la force.
Le 22, Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, évoque « la vieille Europe » incarnée, selon lui, par la France et l'Allemagne.
Le 23, les chefs de la diplomatie des pays voisins de l'Irak – Turquie, Iran, Arabie Saoudite, Jordanie, Syrie – et celui de l'Égypte, réunis à Istanbul, appellent l'Irak à adopter une « approche plus active » dans la mise en œuvre des résolutions de l'O.N.U. le concernant.
Le 27, Hans Blix et Mohamed ElBaradei présentent au Conseil de sécurité le bilan de deux mois d'inspection en Irak. Le premier indique que l'Irak semble « ne pas avoir complètement accepté [...] le désarmement qui lui a été réclamé » et fait état de doutes au sujet des armes biologiques et chimiques. Le second affirme qu'« aucune activité nucléaire prohibée n'a été identifiée ». Tout en considérant ces rapports comme des preuves supplémentaires de l'absence de volonté de désarmement de l'Irak, les États-Unis se disent prêts à ce que « le processus continue ».
Le 28, dans le traditionnel discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, George Bush demande une réunion du Conseil de sécurité, le 5 février, lors de laquelle Washington « présentera des informations et renseignements relatifs aux programmes d'armement illégaux de l'Irak [... et à] ses liens avec des groupes terroristes ».
Le 28 également, Moscou, dont la position était jusqu'alors équilibrée entre celle de Washington et celle de l'Europe, durcit le ton à l'égard de Bagdad en affirmant ne pas souhaiter, concernant ce dossier, faire usage de son droit de veto au Conseil de sécurité.
Le 30, sur l'initiative du président du gouvernement espagnol José María Aznar, quatre autres chefs de gouvernement de l'Union européenne – le Britannique Tony Blair, l'Italien Silvio Berlusconi, le Portugais José Manuel Durão Barroso et le Danois Anders Fogh Rasmussen – et les dirigeants de trois pays candidats à l'entrée dans l'Union – le président tchèque Václav Havel et les Premiers ministres polonais Leszek Miller et hongrois Peter Medgyessy – signent un texte commun sur la crise irakienne. Intitulé « Europe et Amérique doivent présenter un front commun », le texte affirme que « aujourd'hui plus que jamais, le lien transatlantique est une garantie de notre liberté ».