10-31 octobre 1991
France. Montée du mécontentement social
Le 10, plusieurs professions manifestent à Paris : six mille infirmières environ ont repris leur mouvement avec les mêmes revendications qu'en 1988 (effectifs, salaires) ; la promesse de Bruno Durieux, ministre de la Santé, d'ouvrir des négociations sur les conditions de travail ne les satisfait pas ; les assistantes sociales demandent une revalorisation de leurs salaires et de leur profession ; des salariés intermittents du spectacle protestent contre la remise en cause de leur régime d'indemnisation du chômage, accusé de contribuer au déséquilibre du régime général.
Le 16, Martine Aubry, ministre du Travail, présente au Conseil des ministres plusieurs mesures concernant l'emploi, en particulier une extension des exonérations de charges sociales pour les entreprises embauchant des jeunes sans qualification, ainsi qu'un crédit d'impôt pour les ménages employant du personnel de service. Ces mesures visent à lutter contre l'aggravation du chômage (+ 1 p. 100 en septembre, soit 2,77 millions de demandeurs d'emplois).
Le 17, une nouvelle manifestation de près de dix mille infirmières est durement réprimée par les forces de l'ordre. L'indignation est grande dans les milieux médicaux, et une polémique s'engage entre Bruno Durieux, qui a entamé les négociations le 14, et le ministre de l'Intérieur.
Le 22, le ministre de la Fonction publique et quatre syndicats de fonctionnaires (C.F.D.T., F.E.N., C.F.T.C. et F.G.A.F.) sur sept parviennent à un accord sur une augmentation générale de 6,5 p. 100 de leur rémunération d'ici au 1er février 1993.
Le 24, Force ouvrière appelle à une journée nationale de grève interprofessionnelle, à laquelle la C.G.T. a décidé de s'associer. Ce mot d'ordre, qui perturbe essentiellement les transports urbains, n'est pas aussi suivi que prévu. Le même jour, une motion de censure, déposée deux jours plus tôt à l'Assemblée nationale par l'opposition, ne recueille que 264 voix (majorité requise : 289). Elle dénonçait la politique économique du gouvernement, ainsi que la « brutale aggravation du chômage ».
Le 31, alors que les infirmières, qui ont estimé insuffisantes les propositions faites par le ministre de la Santé, poursuivent leur mouvement, un sondage B.V.A. publié dans Paris-Match confirme la baisse de popularité aussi bien du président de la République (48 p. 100 d'avis défavorables, soit + 3 p. 100) que du Premier ministre (53 p. 100 d'avis défavorables, soit + 5 p. 100).