10 mai-1er juin 1988
France. Nomination de Michel Rocard au poste de Premier ministre
Le 10, Jacques Chirac remet sa démission à François Mitterrand. Michel Rocard est nommé Premier ministre. Ce dernier engage alors de nombreuses consultations afin de faire apparaître dans la composition du gouvernement la volonté d'ouverture politique affichée par François Mitterrand durant sa campagne.
Le 12, la liste des ministres est rendue publique. Elle suscite les sarcasmes de la droite, qui critique la « fermeture » et le retour d'un « gouvernement socialiste pur et dur », tandis que Michel Rocard regrette que les centristes n'aient pas « souhaité prendre le risque » de rompre avec la droite. Seuls deux U.D.F. ont accepté les offres de services du Premier ministre : Michel Durafour, nommé à la Fonction publique, et Jacques Pelletier à la Coopération. Parmi les vingt-cinq autres ministres, il y a dix-neuf P.S. et deux M.R.G., ainsi que quatre « techniciens » : le magistrat Pierre Arpaillange à la Justice, l'ancien P.-D.G. de Saint-Gobain Roger Fauroux à l'Industrie, l'ancien syndicaliste Jacques Chérèque chargé de l'Aménagement du territoire et des reconversions, et Catherine Tasca, membre de la C.N.C.L., à la Communication. Sur les dix-neuf socialistes, quinze ont fait partie des gouvernements Mauroy et Fabius de 1981 à 1986, et neuf retrouvent à peu près les mêmes fonctions. Les quatre ministres d'État sont Lionel Jospin, qui quitte la direction du P.S. (Éducation nationale, Recherche et Sports), Pierre Bérégovoy (Économie, Finances et Budget), Maurice Faure (Équipement et Logement), Roland Dumas (Affaires étrangères). Il faut encore noter que Jean-Pierre Chevènement est nommé à la Défense, Pierre Joxe à l'Intérieur, et qu'Olivier Stirn est chargé des D.O.M.-T.O.M.
Le 13, le gouvernement est complété par la nomination de quinze secrétaires d'État : huit P.S., un U.D.F., Lionel Stoléru (Plan), et six « techniciens », dont Brice Lalonde (Environnement), Thierry de Beaucé (Francophonie) et Bernard Kouchner (Insertion sociale). Dans la nuit du 13 au 14, les membres du courant majoritaire du P.S. se réunissent pour élire le successeur de Lionel Jospin à la tête du parti : Pierre Mauroy l'emporte sur Laurent Fabius, qui, bien que candidat de François Mitterrand, s'est heurté à l'opposition de Michel Rocard et de Lionel Jospin. Ce choix est entériné le 14 par le comité directeur du P.S.
Le 18, le Conseil des ministres approuve le principe d'un revenu minimum garanti pour les plus pauvres, projet présenté par François Mitterrand durant sa campagne, qui sera financé grâce au rétablissement de l'impôt sur les grandes fortunes.
Du 26 mai au 1er juin, Michel Rocard reçoit successivement tous les partenaires sociaux, dans le but de démontrer, dès son entrée en fonctions, « l'importance qu'il accorde au dialogue social ».
Le 27 mai est publiée au Journal officiel une longue circulaire adressée par le Premier ministre à chacun des ministres. Ces instructions traduisent la volonté exprimée plusieurs fois par Michel Rocard de « gouverner autrement ».