11-18 juin 1995
France. Élections municipales
Le 11, les résultats du premier tour des élections municipales sont marqués par un fort taux d'abstention – environ 30 p. 100 ; par la progression du Front national (F.N.), dont les scores, supérieurs à ceux des municipales de 1989, lui permettent de se maintenir au second tour dans de nombreuses villes ; par l'absence d'« effet présidentiel » pour la majorité gouvernementale – le Premier ministre (R.P.R.) Alain Juppé n'est élu à Bordeaux que de justesse ; enfin, par une résistance inattendue de la gauche, surtout socialiste.
Le 12, le bureau national du Parti socialiste préconise le retrait de celles de ses listes qui ne sont pas en situation de l'emporter au second tour, et dont le maintien pourrait favoriser la victoire du F.N. Le nouveau secrétaire général du R.P.R., Jean-François Mancel, refuse de prendre un engagement similaire.
Le 18, la victoire du F.N. dans trois villes du Sud et le gain de six arrondissements parisiens par la gauche constituent les principales surprises du second tour. À la faveur de « triangulaires », le F.N. l'emporte à Toulon, ville de plus de 100 000 habitants contrôlée par le Parti républicain (U.D.F.-P.R.), Marignane et Orange, tandis que Jacques Peyrat (divers droite), ancien élu du F.N., devance le maire sortant R.P.R. à Nice. À Paris, mettant fin aux « grands chelems » remportés par la droite en 1983 et 1989, le P.S. gagne les IIIe, Xe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements, et un candidat divers gauche le XIe. Parmi les trente-quatre villes de plus de 100 000 habitants — hors Paris — contrôlées jusqu'alors à égalité par la gauche et la droite, cette dernière perd Grenoble (ex-R.P.R.), Rouen (ex-U.D.F.-C.D.S.) et Tours (ex-divers droite) au profit du P.S., en plus de Nice et de Toulon ; le R.P.R. conquiert Le Havre aux dépens du Parti communiste, et la liste de Jean-Claude Gaudin (U.D.F.-P.R.) devance la liste socialiste à Marseille, où le maire sortant Robert Vigouroux ne se représentait pas. La liste de Raymond Barre (U.D.F.) l'emporte à Lyon. À Clermont-Ferrand, la liste de Valéry Giscard d'Estaing (U.D.F.) échoue face à celle du maire sortant (P.S.) Roger Quillot. La gauche perd le contrôle de plusieurs villes de plus de 30 000 habitants mais continue à en contrôler le plus grand nombre. Malgré leur condamnation à l'inéligibilité pendant cinq ans — peine suspendue par la procédure d'appel du jugement —, le maire socialiste de Béthune Jacques Mellick, condamné dans l'affaire V.A.-O.M., et le maire (U.D.F.) de Cannes Michel Mouillot, condamné dans l'affaire Botton-Noir, sont réélus. Un débat s'engage après la décision de plusieurs artistes de boycotter les manifestations culturelles auxquelles ils devaient participer dans les villes conquises par le F.N.