11-19 octobre 2006
Irak. Progression du sentiment d'échec chez les Alliés
Le 11, le Parlement irakien adopte le projet de loi créant un État fédéral, qui rend possible la réunion des actuelles provinces en régions autonomes dotées de pouvoirs étendus. La séance est boycottée par les partis de la coalition sunnite et par deux partis chiites, dont celui de l'imam radical Moqtada Al-Sadr. Les sunnites craignent la partition du pays en « États » communautaires, qui les cantonnerait dans une zone centrale dépourvue de ressources pétrolières. La loi ne doit pas s'appliquer avant dix-huit mois.
Le 12, l'hebdomadaire médical britannique The Lancet publie une étude qui évalue à six cent cinquante-cinq mille le nombre des civils victimes des violences dues à l'occupation militaire de l'Irak depuis mars 2003. L'estimation fournie par les autorités américaines s'élève à trente mille morts et celle du gouvernement irakien à cent vingt-huit mille morts.
Le 13, dans un entretien au Daily Mail, le général Richard Dannatt, chef d'état-major de l'armée britannique, affirme que la présence militaire étrangère en Irak exacerbe « les difficultés que nous rencontrons dans le monde », telles que le terrorisme. Il déclare que les militaires de la coalition ne sont pas populaires en Irak, révèle que la période qui a suivi leur arrivée dans le pays était insuffisamment planifiée et estime que l'ambition de mettre en place en Irak « une démocratie libérale, pro-occidentale et bénéfique pour la région » devra être « révisée à la baisse ». En conclusion, il souhaite que les soldats britanniques « se retirent bientôt » d'Irak, où cent dix-neuf d'entre eux ont été tués depuis mars 2003. À la suite de l'émotion suscitée par ces propos, le général Dannatt et le Premier ministre Tony Blair s'accordent pour affirmer que l'armée britannique quittera l'Irak « lorsque le travail sera fait ».
Le 15, réagissant au projet d'un État fédéral, les insurgés sunnites proches de l'organisation terroriste Al-Qaida annoncent, dans une vidéo diffusée par la chaîne qatarie Al-Jazira, la création, dans le « triangle sunnite » situé dans le centre du pays, d'un « État islamique d'Irak » dont le guide est le « cheikh Abou Omar Al-Baghdadi », jusqu'alors inconnu.
Le 19, alors que les violences redoublent dans la capitale irakienne, les autorités américaines reconnaissent implicitement l'échec de l'opération de sécurisation de Bagdad, lancée en août. Avec cent deux soldats tués, le mois d'octobre s'avère l'un des plus meurtriers pour l'armée américaine en Irak.