11-26 mai 1987
France. Procès de Klaus Barbie à Lyon
Le 11, s'ouvre à Lyon le procès de Klaus Barbie, qui a lieu dans la salle des pas perdus du palais de Justice, aménagée en cour d'assises exceptionnelle. Barbie, qui est âgé de soixante-treize ans, a été détenu à la prison Montluc, celle-là même où il fit enfermer et torturer nombre de résistants et de juifs, depuis février 1983, date à laquelle il avait été expulsé de Bolivie, où il s'était réfugié sous le nom d'Altmann. Après plus de trois années d'instruction, l'ancien officier SS, déjà condamné deux fois à mort par contumace par des tribunaux français, est poursuivi pour « crimes contre l'humanité », imprescriptibles à la différence des crimes de guerre. Entre 1942 et 1944, Barbie a dirigé la section IV de la Sipo-S.D. (police de sécurité et de renseignements) de Lyon. Cette section était chargée de la « répression des crimes et délits politiques » et comportait cinq sous-sections, dont la IV B dite antijuive. Au cours de ce procès, devant près de quatre cents journalistes venus assister à ce qui est sans doute le dernier grand procès d'un criminel nazi, Barbie doit répondre de la rafle, opérée le 9 février 1943 au siège de l'Union générale des israélites de France, de la déportation des enfants juifs de la colonie d'Izieu (Ain) en 1944, ainsi que de celle, la même année, des six cent cinquante personnes se trouvant à bord du dernier convoi qui quitta Lyon vers les camps de concentration, en août 1944. Face à Me Jacques Vergès, qui le défend, une quarantaine d'avocats représentent les parties civiles, parmi lesquels Me Serge Klarsfeld, qui, avec sa femme Beate, a démasqué plusieurs anciens nazis. Pour la première fois, les audiences sont filmées, mais les enregistrements ne pourront être visionnés que dans vingt ans.
Le 13, soutenant que son expulsion de Bolivie s'apparente à un enlèvement et se considérant, selon ses termes, comme un « otage », et non comme un détenu, l'accusé annonce qu'il refusera désormais d'assister aux débats.
Le 26, Klaus Barbie, amené de force au tribunal, afin d'être confronté à cinq témoins qui n'avaient pu être mis en sa présence durant l'instruction, se contente de répondre à ceux qui le reconnaissent et l'accusent qu'il n'a « rien à dire ».