11-30 octobre 1990
Liban. Reddition du général Aoun et assassinat de Dany Chamoun et de sa famille
Le 11, après deux semaines de blocus autour du réduit chrétien de Beyrouth, la Syrie décide, avec la caution des autorités libanaises légales, d'envoyer plusieurs milliers de soldats renforcer les positions tenues par l'armée régulière du général Émile Lahoud. Le général Michel Aoun se déclare prêt à résister.
Le 13, les armées syrienne et libanaise déclenchent une offensive massive contre le réduit chrétien et enfoncent facilement les positions aounistes. Après trois heures et demie de bombardements et de combats qui causent des centaines de morts, le général Aoun, qui s'est réfugié à l'ambassade de France et a réclamé en vain un cessez-le-feu, demande à ses soldats d'obéir aux ordres du général Lahoud afin d'éviter un bain de sang. La France accorde l'asile politique au général Aoun. Les États alliés de la Syrie au sein de la coalition internationale hostile à l'invasion irakienne du Koweït s'abstiennent de condamner l'intervention armée de la Syrie à Beyrouth. Des scènes de pillage et de violence se déroulent dans le secteur chrétien.
Le 15, alors que les autorités libanaises refusent que Michel Aoun quitte le pays, le président François Mitterrand déclare qu'il ne le livrera pas, le sort du général chrétien étant « une question d'honneur pour la France ».
Le 18, après que divers témoignages ont fait état de l'exécution sommaire, le 13, de plusieurs dizaines de soldats aounistes par des militaires syriens, le gouvernement français demande l'« intervention immédiate » du secrétaire général de l'O.N.U.
Le 21, Dany Chamoun, président du Parti national libéral et du Nouveau Front libanais, ainsi que sa femme et deux de ses enfants sont assassinés à leur domicile beyrouthin. Le fils de l'ancien président Camille Chamoun était le chef de file du mouvement politique de soutien à Michel Aoun, mais il avait fait des ouvertures en direction du gouvernement légal après la reddition du général maronite.
Le 24, le gouvernement décide l'évacuation de toutes les milices du grand Beyrouth et sa prise en charge par l'armée libanaise appuyée par l'armée syrienne, en vue d'y restaurer l'autorité de l'État.
Le 30, il annonce avoir obtenu l'accord de toutes les formations concernées. De leur côté, les milices chiites rivales, Hezbollah et Amal, parviennent à un accord de cessez-le-feu « total ». La population chrétienne, assez critique envers le général Aoun, place quant à elle sa confiance dans l'armée libanaise et accepte avec résignation la présence syrienne.