11 octobre-1er novembre 1994
Russie. Mécontentement dû à l'effondrement passager du rouble et à l'assassinat d'un journaliste
Le 11, le rouble enregistre une chute record de 21 p. 100 de sa valeur par rapport au dollar. La monnaie se redressera dès le lendemain grâce à l'intervention de la Banque centrale. Économiquement justifiée par la surévaluation de la monnaie russe, et probablement programmée, la chute du rouble aurait surpris ses instigateurs par sa brusquerie. Elle provoque une vive émotion dans la population. Tout en limogeant le ministre des Finances par intérim et en demandant la démission du directeur de la Banque centrale, le président Boris Eltsine dénonce une tentative de « subversion » visant à « déstabiliser le gouvernement », ce qui constitue une accusation implicite des milieux communiste et ultraconservateur. Le 27, le gouvernement de Viktor Tchernomyrdine présentera au Parlement un projet de budget qui se caractérise par une rigueur sans précédent, le jour même où la première motion de censure depuis les élections de décembre 1993 sera repoussée, faute d'une alternative politique.
Le 17, le rédacteur en chef adjoint du quotidien à grand tirage Movskovski Komsomolets, Dimitri Kholodov, est tué par l'explosion d'un colis piégé. Il enquêtait sur les trafics d'armes et d'équipement au sein des unités de l'armée russe stationnées en Allemagne.
Le 20, les obsèques de Dimitri Kholodov, à Moscou, donnent lieu à une manifestation contre l'« arbitraire » que le pouvoir laisse régner dans le pays. Les forces armées, que l'on soupçonne d'entretenir des liens avec la mafia, et le ministre de la Défense Pavel Gratchev sont mis en cause.
Le 1er novembre, Boris Eltsine limoge le vice-ministre de la Défense Matvei Bourlakov, commandant de l'armée russe en Allemagne jusqu'à son retrait en août, et soupçonné de corruption.