12-17 janvier 1996
France. Réserves sur la proposition de dialogue faite par le ministre de l'Intérieur en Corse
Le 12, après deux mois d'une spectaculaire série d'attentats, le F.L.N.C.-Canal historique organise une conférence de presse clandestine en présence de quelque six cents combattants cagoulés et armés. Cette démonstration de force sans précédent intervient quelques heures avant la visite en Corse du ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré. Le mouvement indépendantiste annonce une suspension de toute action militaire pendant trois mois. Le gouvernement est invité à mettre à profit cette période pour adopter certaines mesures qui illustreraient sa volonté de participer à un règlement négocié du problème corse. Parmi celles-ci figure, en guise de préalable, la reconnaissance de la notion de peuple corse, déjà proposée par le « statut Joxe » de mai 1991 et rejetée par le Conseil constitutionnel. Sont également évoquées des réformes du système éducatif, des institutions et des structures économiques de l'île. En réponse, Jean-Louis Debré déclare, devant les élus corses, que « l'État demeurera en Corse, comme la Corse restera dans la France », tout en proclamant sa volonté d'être « attentif à tout et à tous ». « L'espace nécessaire à la discussion et au dialogue » s'est peut-être ouvert, estime-t-il. Bien accueillis par les nationalistes, ces propos sont jugés ambigus par de nombreux élus qui estiment que seule l'Assemblée territoriale détient une légitimité démocratique dans l'île.
Le 17, recevant les parlementaires corses, le Premier ministre Alain Juppé se montre plus ferme, excluant toute modification des institutions de l'île et réservant aux « représentants légitimes de l'île » l'usage du dialogue avec le gouvernement.