12-20 juin 1986
Afrique du Sud. État d'urgence illimité
Le 12, à quelques jours des manifestations prévues par les militants anti-apartheid pour la célébration du dixième anniversaire des émeutes de Soweto, qui avaient fait plus de six cents morts en juin 1976, l'état d'urgence est proclamé sur l'ensemble du territoire pour une durée illimitée. Des rafles sont opérées dans tous les milieux et se soldent par quelque trois mille arrestations, les mandats d'arrêt n'étant plus nécessaires. La presse est particulièrement surveillée et il lui est imposé de n'avoir comme seule source que le Bureau gouvernemental de l'information. Cette décision de Pieter Botha provoque la condamnation ou les « regrets » de l'ensemble de la communauté internationale.
Le 13, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. demande à l'unanimité la levée immédiate de l'état d'urgence.
Le 16, jour anniversaire des événements de Soweto, un quadrillage policier et militaire sans précédent est mis en place dans les cités noires pour prévenir toute manifestation et tout rassemblement. Un ordre de grève lancé par les organisations anti-apartheid est largement suivi, mais beaucoup d'entreprises préfèrent fermer pour des raisons de sécurité.
Le 16 également s'ouvre à Paris la conférence des Nations unies sur les sanctions contre l'Afrique du Sud, qui se termine le 20 par l'adoption d'une déclaration préconisant des « sanctions globales et obligatoires ». Cependant, d'après les bilans officiels, le nombre quotidien des victimes, qui avait déjà doublé par rapport à l'an dernier, ne diminue pas après l'instauration de l'état d'urgence : au moins cent personnes sont tuées du 12 à la fin du mois. Beaucoup le sont à la suite d'affrontements entre Noirs.