12-30 juillet 2006
Liban. Offensive israélienne après l'enlèvement de deux soldats
Le 12, le Hezbollah annonce avoir fait prisonniers deux soldats israéliens, dans le sud du Liban, à l'occasion d'un violent échange de tirs avec l'armée israélienne. La milice chiite libanaise souhaite obtenir un échange de prisonniers, comme il s'en est déjà produit par le passé. Le gouvernement libanais, dont plusieurs ministres sont membres du Hezbollah, déclare ne pas assumer la responsabilité de l'enlèvement des deux soldats. À l'opération Promesse tenue du Hezbollah – faire de 2006 « l'année de la libération des prisonniers » –, répond l'opération Punition adéquate de l'armée israélienne, la plus importante depuis l'opération Raisins de la colère en avril 1996.
Le 13, Tsahal bombarde la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, notamment l'immeuble abritant les studios de la chaîne de télévision de la milice chiite, Al-Manar, tandis que la milice chiite prend pour cible des localités israéliennes distantes de la frontière comme Nahariya et Kiryat Chmona. Les bombardements de l'artillerie, de l'aviation et de la marine israéliennes sur diverses villes libanaises, qui visent notamment des infrastructures – ponts, routes, centrale électrique de Jiyyeh, aéroport de Beyrouth –, imposent un véritable blocus au pays, qui est coupé de l'extérieur. Les fuites de pétrole occasionnées par le bombardement de la centrale provoqueront bientôt une vaste marée noire sur la côte libanaise.
Le 14, le Hezbollah bombarde un navire de guerre israélien croisant au large de Beyrouth, faisant quatre morts. Le chef de cette organisation, Hassan Nasrallah, menace l'État hébreu de « guerre ouverte ».
Le 15, l'armée israélienne bombarde Tripoli, dans le nord du Liban, tout en poursuivant ses tirs sur le Sud, faisant de nombreuses victimes civiles. Un officiel israélien déclare que l'objectif de son pays est « le désarmement des forces du Hezbollah et le déploiement de l'armée libanaise à la frontière internationale », contrôlée jusqu'à présent par la milice chiite.
Le 16, un tir de roquettes par le Hezbollah fait huit morts à Haïfa, tandis qu'un autre atteint Afula, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière.
Le 17, le Premier ministre français Dominique de Villepin se rend à Beyrouth, à la demande du président Chirac, afin d'exprimer la solidarité de la France avec les Libanais. Des dispositifs d'évacuation des ressortissants étrangers se mettent en place.
Le 18, des bombardements israéliens prennent pour cible des casernes de l'armée libanaise dans la banlieue de Beyrouth, causant la mort de militaires libanais.
Le 19, le Premier ministre libanais Fouad Siniora lance un « appel urgent à un cessez-le-feu humanitaire », évoquant les « trois cents morts et plus de mille blessés », le « demi-million de personnes déplacées » et les « pertes inimaginables » causés par l'offensive israélienne. Il dénonce l'inaction de la communauté internationale.
Le 20, le secrétaire général de l'O.N.U. Kofi Annan propose au Conseil de sécurité un plan comprenant l'arrêt des hostilités, la libération des soldats enlevés, le déploiement d'une force de maintien de la paix du côté libanais de la frontière et la réunion d'une conférence internationale en vue d'établir le calendrier d'application des résolutions de l'O.N.U. relatives au Liban.
Le 22, le ministre israélien de la Défense Amir Péretz dément toute intention d'engager une opération terrestre d'envergure au Liban, en dépit de l'incursion d'unités israéliennes en territoire libanais.
Le 23, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert déclare accepter le principe du déploiement, dans le sud du Liban, d'une force internationale « ayant des capacités militaires ».
Le 23 également, l'armée israélienne occupe la ville libanaise de Maroun al-Ras, proche de la frontière, et, le 25, celle de Bint Jbeil, bastion du Hezbollah dans le sud du Liban.
Le 25, Amir Péretz annonce l'intention de son pays d'établir une « bande de sécurité » de 3 à 4 kilomètres dans le sud du Liban « jusqu'à l'arrivée de la force internationale ».
Le 25 également, quatre observateurs de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (F.I.N.U.L.) sont tués dans un bombardement israélien.
Le 26, l'armée israélienne subit une contre-attaque du Hezbollah à Bint Jbeil, perdant neuf soldats au cours des combats.
Le 28, le Hezbollah procède à des tirs de missiles d'un nouveau genre, d'une portée de 90 kilomètres, sur la région d'Afula, au sud d'Haïfa.
Le 30, le bombardement par Israël du village de Cana, dans le sud du Liban, cause la mort d'une soixantaine de civils. En avril 1996 déjà, lors de la précédente offensive israélienne, le bombardement d'un bâtiment de la F.I.N.U.L. à Cana avait tué plus de cent personnes qui s'y étaient réfugiées. Jérusalem annonce la suspension des bombardements pendant quarante-huit heures.