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13-29 mai 1996

France. Bras de fer entre le gouvernement et les nationalistes corses

Le 13, une série d'interpellations effectuées dans le cadre d'une affaire de droit commun aboutit à la mise en examen, pour infraction à la législation sur les armes, de deux militants d'A Cuncolta, la branche légale du F.L.N.C.-Canal historique, qui sont laissés en liberté.

Le 13 également, le F.L.N.C.-Canal historique annonce, dans un communiqué, la rupture de « tout contact avec le gouvernement français ». L'organisation clandestine accorde à l'État « un délai de quinze jours [...] pour démontrer [...], par des faits concrets, sa volonté de contribuer [...] au règlement politique de la question corse ». En outre, le F.L.N.C.-Canal historique donne l'ordre à ses militants « de riposter par les armes à toute tentative d'arrestation ». La trêve de trois mois annoncée par le mouvement indépendantiste en janvier avait été reconduite pour six mois en avril. Une série de mitraillages et d'attentats à l'explosif contre des bâtiments publics de l'île, notamment des gendarmeries, a lieu tout au long du mois.

Le 21, lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le garde des Sceaux Jacques Toubon, interpellé sur le dossier corse, accuse les socialistes d'avoir, lorsqu'ils étaient au pouvoir, « au grand jour et à valises de billets ouvertes, négocié avec les terroristes » en Corse. Ces propos suscitent une vive polémique.

Le 24, des policiers du S.R.P.J. de Corse se réunissent devant la préfecture de police d'Ajaccio afin de dénoncer l'« apathie » de leur hiérarchie devant les « menaces » dont ils font l'objet de la part des nationalistes.

Le 25, un membre de l'Accolta naziunalista corsa (A.N.C.) est mis en examen, à Ajaccio, pour association de malfaiteurs, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat, en février, d'un militant d'A Cuncolta, formation rivale de l'A.N.C. Il est placé sous contrôle judiciaire.

Le 26, l'un des dirigeants d'A Cuncolta, Charles Pieri, déclare au Monde que les nationalistes souhaitent « mettre fin à vingt années de violence », mais affirme que si ses revendications ne sont pas satisfaites « il est fort probable que le F.L.N.C. portera ses actions dans l'Hexagone ».

Le 28, lors du débat parlementaire sur la Corse dont il a pris l'initiative, le Premier ministre Alain Juppé rejette les termes de l'ultimatum lancé par le F.L.N.C.-Canal historique et met l'accent sur « la sécurité et le développement économique », tandis que le ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré continue de privilégier « le dialogue ».

Le 29, la Cour de cassation dessaisit des juges d'instruction d'Ajaccio et de Bastia de cinq dossiers concernant des assassinats ou des tentatives d'assassinat de militants nationalistes, qu'elle confie à des magistrats du tribunal de Paris spécialisés dans la lutte antiterroriste. Ces mesures accentuent le malaise des magistrats en poste dans l'île, qui dénoncent depuis plusieurs mois les obstacles qu'ils rencontrent dans l'exercice de leurs fonctions.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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