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13 novembre-18 décembre 2009

Turquie. Premières mesures envers la minorité kurde

Le 13, le gouvernement annonce la mise en œuvre d'un programme de réformes destiné à mettre fin au conflit avec la guérilla séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (P.K.K.), considérée comme une organisation terroriste par Ankara. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan défend l'« ouverture démocratique » de son gouvernement qui vise à renforcer l'identité culturelle kurde et à défendre les droits de l'homme au Kurdistan turc. Forte de quinze millions de personnes, la minorité kurde de Turquie voit l'apparition de quelques signes de reconnaissance tels que des panneaux signalétiques bilingues, la suppression des check-points militaires sur les routes des provinces kurdes du sud-est du pays, la diffusion d'émissions en langue kurde et la réhabilitation des noms kurdes des villages. Toutefois, plusieurs questions importantes restent en suspens, comme le sort des jeunes Kurdes lanceurs de pierres qui ont été lourdement condamnés en vertu de la loi antiterroriste, l'amnistie des combattants du P.K.K. réfugiés dans les montagnes et les opérations militaires qui sont encore menées contre les rebelles; par ailleurs, l'enseignement en langue kurde est toujours rejeté par Ankara.

Le 11 décembre, la Cour constitutionnelle turque prononce la dissolution du principal parti parlementaire prokurde du pays, le Parti pour une société démocratique (D.T.P.) , qui dispose de vingt et un sièges au Parlement, et ordonne le bannissement de la vie politique de plusieurs de ses dirigeants. La formation politique est accusée d'être liée aux rebelles armés du P.K.K. Cette décision met à mal la politique d'ouverture du gouvernement qui, pour l'opposition conservatrice, porte atteinte à l'intégrité de la Turquie, alors qu'elle est indispensable pour renforcer la candidature d'Ankara à l'Union européenne.

Le 13, de violents affrontements ont lieu à Istanbul et dans de nombreuses villes du pays entre les sympathisants du D.T.P. et la police d'une part, et entre des radicaux kurdes et turcs d'autre part, mettant ainsi fin aux espoirs de paix suscités par l'ouverture démocratique du gouvernement Erdogan.

Le 18, les députés kurdes qui n'ont pas été bannis décident, après avoir menacé de démissionner, de poursuivre la lutte politique au Parlement en ralliant le Parti pour la paix et la démocratie, qui succède au D.T.P.; c'est la sixième fois en vingt ans que le parti prokurde renaît sous un nom différent.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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