14-16 juillet 1997
France. Polémique au sujet des règles de la cohabitation
Le 14, à l'occasion de la fête nationale, lors de son premier entretien télévisé depuis la victoire de la gauche aux élections législatives anticipées de mai-juin, le président Chirac justifie la dissolution de l'Assemblée nationale en affirmant que « la France ne pouvait pas se permettre de rester bloquée ou immobile ou agitée ». Le chef de l'État déclare souhaiter une « cohabitation constructive » avec le Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il critique toutefois certaines des décisions du gouvernement, relatives notamment à la régularisation de la situation des « sans-papiers » – qui « encourage la xénophobie » –, au placement sous conditions de ressources du versement des allocations familiales – qui « frappe les classes moyennes » – ou à la fermeture du surgénérateur Superphénix – décision prise, selon lui, sans réflexion préalable. Récusant la notion de « domaine réservé » du chef de l'État, Jacques Chirac préfère celle de « prééminence » du président, qui aurait « le dernier mot » dans un secteur d'intervention qu'il définit de façon très large – place de la France dans le monde, acquis européens, modernisation, équilibre de la société. Le chef de l'État repousse enfin la proposition d'instaurer le quinquennat, formulée jusque dans les rangs du Rassemblement pour la République. Selon le président Chirac, le quinquennat « conduit presque automatiquement au régime présidentiel », auquel il se déclare « hostile ».
Le 16, en Conseil des ministres, Lionel Jospin rappelle « les prérogatives qui incombent, en vertu des articles de la Constitution, respectivement au président de la République et au Premier ministre » et marque « nettement la responsabilité institutionnelle et politique que lui confèrent [...] ces dispositions ». Jacques Chirac lui répond qu'il « dira toujours aux Français, quand il le juge utile, ce qu'il pense des grandes questions qui intéressent l'avenir de la France ».