14-20 octobre 1996
Belgique. Vives réactions au dessaisissement du juge chargé de l'enquête sur le réseau de pédophilie
Le 14, la Cour de cassation dessaisit le juge Jean-Marc Connerotte de l'instruction de l'affaire de pédophilie dans laquelle Marc Dutroux est impliqué. Elle lui reproche d'avoir manqué à son devoir d'impartialité en participant, en septembre, à un dîner organisé par une association de défense des victimes d'enlèvement d'enfants. Cette décision provoque une vive émotion dans l'opinion, qui accordait toute sa confiance à un juge réputé intègre pour élucider cette affaire dans laquelle le fonctionnement de la police et de la justice a été mis en cause. Le dossier reste toutefois confié au parquet du tribunal de Neufchâteau. Les jours suivants, des manifestations spontanées de protestation contre le dessaisissement du juge se multiplient dans le royaume, donnant souvent lieu à une dénonciation du fonctionnement de l'État.
Le 17, la Chambre des députés met en place une commission d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements de l'enquête policière et judiciaire relative au réseau de pédophilie découvert en août.
Le 18, lors d'une table ronde organisée au palais royal sur « la maltraitance et les disparitions d'enfants », le roi Albert II dénonce, à l'adresse de ses concitoyens, l'« échec » de l'« une des tâches essentielles de l'État [qui] est d'assurer la sécurité de [...] nos enfants ». Il exige « de la part de chaque autorité une attitude d'humilité et de remise en question » et déclare que « cette tragédie doit être maintenant l'occasion d'un sursaut moral et d'un changement profond dans [le] pays ».
Le 20, de deux cent mille à trois cent mille personnes participent dans le calme, à Bruxelles, à une « marche blanche » à l'appel des familles d'enfants disparus ou victimes de Marc Dutroux. Il s'agit du plus grand rassemblement organisé dans la capitale belge depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Premier ministre Jean-Luc Dehaene déclare que la justice mènera sa tâche à son terme et que ceux qui ont entravé son cours seront sanctionnés. Il annonce son intention d'engager une révision de la Constitution en vue de supprimer la prise en compte du critère de l'appartenance politique dans le mode de désignation des magistrats.