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14-28 février 2005

Liban. Assassinat de Rafic Hariri et démission du gouvernement

Le 14, à Beyrouth, un attentat à l'explosif cause la mort de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et de quatorze autres personnes. Rafic Hariri avait quitté le gouvernement en octobre 2004 en raison de son désaccord sur la modification constitutionnelle, inspirée par Damas, permettant au président pro-syrien Émile Lahoud de prolonger son mandat. Depuis lors, il était devenu l'un des principaux opposants à la présence militaire syrienne au Liban. La France et les États-Unis, qui avaient parrainé le texte de la résolution 1559 adopté par le Conseil de sécurité de l'O.N.U. le 2 septembre dernier, appelant à la restauration de la souveraineté libanaise et exigeant le départ des troupes syriennes du pays, réclament aussitôt une enquête internationale.

Le 15, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte une déclaration demandant l'ouverture d'une enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri.

Le 16, dans la capitale libanaise, des dizaines de milliers de personnes assistent aux obsèques de Rafic Hariri. La cérémonie se transforme en manifestation d'hostilité envers le gouvernement et la Syrie, dont les représentants sont tenus à l'écart des funérailles par la famille du défunt. Le président français Jacques Chirac, ami proche du disparu, se rend à titre personnel à Beyrouth.

Les jours suivants, la place des Martyrs, à Beyrouth, où est enterré Rafic Hariri, devient le lieu de rassemblement des Libanais de toutes les communautés, qui marquent ainsi ouvertement leur hostilité à la Syrie. Le porte-parole de l'opposition, Samir Frangié, appelle à un « soulèvement de l'indépendance » pacifique.

Le 21, quelque cent mille personnes manifestent à Beyrouth, à l'appel de l'opposition, pour réclamer la démission du gouvernement pro-syrien et l'« indépendance ». C'est la plus importante manifestation antisyrienne dans le pays depuis la guerre civile (1975-1990).

Le 24, le gouvernement annonce le prochain redéploiement des troupes syriennes stationnées au Liban, fortes de quatorze mille hommes, vers la frontière entre les deux pays, conformément aux accords de Taëf de 1989.

Le 28, à Beyrouth, des dizaines de milliers de personnes bravent l'interdiction officielle en manifestant à l'appel de l'opposition, pendant que le Parlement débat d'une motion de censure déposée contre le gouvernement. Les forces de l'ordre ne les empêchent pas de se rassembler. Le Premier ministre pro-syrien Omar Karamé annonce finalement sa démission, qui est accueillie par la foule en liesse.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

  • 20-26 octobre 2004 Liban. Nomination d'un Premier ministre prosyrien

    Le 20, le Premier ministre Rafic Hariri présente sa démission. Il ne parvenait pas, depuis la réélection du président prosyrien Émile Lahoud en septembre, à imposer un gouvernement réformiste dont la Syrie ne veut pas.

    Le 26, le nouveau Premier ministre Omar Karamé présente son gouvernement, qui...

  • 2-7 septembre 2004 Liban. Le président Émile Lahoud autorisé à se représenter

    Le 2, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 1559, laquelle demande que le scrutin présidentiel libanais soit « libre et équitable, conforme aux dispositions de la Constitution [et] sans interférence étrangère ». La Syrie, non explicitement citée, est le seul pays qui maintienne des...

  • 24 janvier 2002 Liban. Assassinat de l'ancien chef des milices chrétiennes Elie Hobeika

    L'ancien milicien chrétien Elie Hobeika est tué dans l'explosion de sa voiture, à Beyrouth. Ancien chef des Forces libanaises, il était considéré comme le principal responsable des massacres perpétrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila en septembre 1982, pendant l'intervention...

  • 5-20 août 2001 Liban. Durcissement du régime pro-syrien

    Du 5 au 8, les services de la sécurité militaire procèdent à l'arrestation de plus de 200 membres de l'opposition chrétienne, appartenant au Courant patriotique libre proche de l'ancien général Michel Aoun, en exil en France, ou aux Forces libanaises (F.L.), la milice dissoute de Samir Geagea, aujourd'hui...

  • 16 avril 2001 Israël - Liban. Bombardement israélien de positions syriennes

    L'aviation israélienne bombarde une station radar syrienne située à l'est de Beyrouth, tuant au moins deux soldats. Cette attaque d'une position militaire syrienne au Liban, la première depuis 1982, intervient deux jours après une attaque du Hezbollah contre une position tenue par l'armée israélienne...

  • 3 septembre 2000 Liban. Victoire de l'opposition aux élections législatives

    L'opposition, incarnée par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, riche homme d'affaires sunnite, et par le chef druze du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, remporte les élections législatives dont la première phase s'était déroulée le 27 août. Le Premier ministre sortant, Sélim Hoss, est...

  • 23-26 mai 2000 Israël - Liban. Retrait israélien du sud du Liban

    Le 23, le Premier ministre israélien, Ehoud Barak, annonce le redéploiement, « dans les jours qui viennent, à la frontière internationale », des forces israéliennes stationnées dans le sud du Liban. Celles-ci occupaient, depuis mars 1978, une « zone de sécurité » de 850 kilomètres carrés en vue d'empêcher...

  • 5 mars 2000 Israël - Liban. Annonce du retrait israélien du Liban

    Alors que les accrochages avec le Hezbollah se poursuivent à la frontière israélo-libanaise, tout comme les raids de représailles israéliens, le gouvernement adopte à l'unanimité une résolution qui prévoit le retrait de Tsahal du Liban d'ici à juillet. La promesse faite par Ehoud Barak, pendant sa campagne...

  • 7-13 février 2000 Israël - Liban. Représailles israéliennes au Liban

    Le 7, le Premier ministre israélien Ehoud Barak lance une opération de représailles au Liban. Celle-ci fait suite aux récentes attaques menées par la milice du Hezbollah dans la zone de sécurité instaurée par Israël dans le sud du Liban, qui ont fait quatre morts, et à l'attentat qui avait tué, en janvier,...

  • 30-31 janvier 2000 Liban. Reprise des actions du Hezbollah

    Le 30, le colonel Akl Hachem, numéro deux de l'Armée du Liban-Sud (A.L.S.), milice supplétive de l'armée israélienne dans la zone de sécurité établie par l'État hébreu dans le sud du Liban, est tué dans un attentat à la bombe. Le colonel Hachem était dans les faits le véritable chef de l'A.L.S. sur le...