14-29 juin 2016
France. Poursuite de la contestation de la « loi travail »
Le 14, la manifestation nationale à laquelle appellent de nouveau les sept organisations syndicales opposées au projet de loi de réforme du Code du travail – CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL – rassemble entre cent trente mille et un million trois cent mille personnes dans tout le pays. La CGT avait promis une participation supérieure à celle du 31 mars, alors que d’autres conflits sociaux à la marge de la contestation de la « loi travail », notamment à la SNCF, s’essoufflent. Le cortège parisien est marqué par de violents affrontements entre la police et plusieurs centaines de « casseurs ». Le projet de loi est en discussion au Sénat depuis la veille, après avoir été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en mai.
Le 15, le Premier ministre Manuel Valls met en cause la « responsabilité » de la CGT dans les violences. Soutenu par le président François Hollande, il menace d’interdire « au cas par cas » de nouvelles manifestations.
Le 17, la rencontre entre le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez et la ministre du Travail Myriam El Khomri marque la reprise du dialogue social sur la « loi travail ».
Le 22, la préfecture de police de Paris, en accord avec le Premier ministre, annonce l’interdiction de la manifestation parisienne prévue le lendemain. C’est la première fois qu’une manifestation syndicale est interdite dans le pays depuis la guerre d’Algérie. Quelques heures plus tard, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et les syndicats s’accordent sur le maintien de la manifestation sur un parcours limité.
Le 23, entre vingt mille et soixante mille personnes participent à la manifestation parisienne fortement encadrée par la police, qui se déroule dans le calme à la Bastille, autour du bassin de l’Arsenal.
Le 28, tandis que les syndicats appellent à une nouvelle manifestation à Paris – qui est autorisée –, le Sénat, où l’opposition est majoritaire, adopte en première lecture le projet de « loi travail » fortement remanié : suppression des trente-cinq heures, relèvement des seuils sociaux de représentation du personnel, rétablissement du plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, abandon de la généralisation de la « garantie jeunes ».
Le 29, Manuel Valls et Myriam El Khomri reçoivent les organisations syndicales représentatives. Ils concèdent quelques exceptions au principe réaffirmé de la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche, inscrit dans l’article 2 du texte.