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14 septembre-1er octobre 1996

Bosnie-Herzégovine. Victoire des partis nationalistes aux élections générales

Le 14, à l'issue d'une campagne marquée par une surenchère de rhétorique nationaliste, se tiennent, sous le contrôle de l'Ifor (Implementation Force) et d'un millier d'observateurs étrangers, les élections générales prévues par les accords de Dayton en vue de doter la Bosnie d'une présidence et d'un Parlement communs, et chaque entité composant le pays d'un Parlement propre. De nombreuses voix s'élèvent pour critiquer les conditions inappropriées à l'organisation d'un scrutin « libre et démocratique ». Tandis que les Occidentaux et les Serbes se félicitent du bon déroulement des élections, les Musulmans dénoncent l'absence de liberté de mouvement, les fraudes et les mesures d'intimidation qui ont empêché les réfugiés de voter dans leur ville d'origine située en zone serbe. Les dirigeants des trois grands partis nationalistes, le Musulman Alija Izetbegović, du Parti d'action démocratique (S.D.A.), le Serbe Momcilo Krajisnić, du Parti démocratique serbe (S.D.S.) et le Croate Kresimir Zubak, de l'Union démocratique croate (H.D.Z.), sont élus membres de la présidence collégiale avec respectivement 81,9 p. 100 des suffrages musulmans, 75,2 p. 100 des suffrages serbes et 87,8 p. 100 des suffrages croates. Le nationaliste serbe modéré Mladen Ivanić, soutenu par Belgrade, obtient 20 p. 100 des voix ; le candidat croate de la coalition multiethnique Ivo Komsić 10 p. 100 ; et l'ancien Premier ministre musulman Haris Silajdzić 15 p. 100. Alija Izetbegović, qui totalise le plus de voix, est élu à la tête de cette présidence tricéphale. Le chef des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui déclarera le scrutin « raisonnablement démocratique », exige que les élus du S.D.S., qui ont délivré de nombreux messages sécessionnistes durant la campagne électorale, s'engagent à reconnaître l'intégrité et la souveraineté de la Bosnie. Les résultats des élections législatives confirment la victoire des trois partis nationalistes. Ne laissant que 23 p. 100 des suffrages à l'opposition, le S.D.A., le S.D.S. et le H.D.Z. dominent – dans cet ordre – le Parlement de Bosnie. Le S.D.A. obtient 54 p. 100 des voix et le H.D.Z. 24,5 p. 100 à l'élection du Parlement de la Fédération croato-musulmane – la coalition multiethnique ne recueillant que 8 p. 100 et le parti de Haris Silajdzić 7 p. 100 ; le S.D.S. remporte 52 p. 100 des suffrages et le S.D.A. 16 p. 100 à l'élection du Parlement de la République serbe bosniaque – les nationalistes modérés obtenant 11,5 p. 100. Enfin, Biljana Plavsić (S.D.S.) est élue présidente de la République serbe bosniaque.

Le 30, la présidence collégiale, dont les pouvoirs sont limités, tient sa première réunion dans les environs de Sarajevo, après le refus de Momcilo Krajisnić, hostile à la réunification du pays, de se rendre dans le centre de la capitale bosniaque.

Le 1er octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies approuve à l'unanimité la résolution 1074 qui prévoit la levée des sanctions imposées en mai 1992 à la Serbie et au Monténégro, et qui avaient été suspendues en novembre 1995.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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