15-20 février 2015
Libye. Montée en puissance de l'État islamique
Le 15, le groupe État islamique (E.I.) diffuse une vidéo montrant la décapitation de vingt et un prisonniers coptes égyptiens enlevés à Syrte en janvier. L'influence de l'E.I. dans le pays progresse fortement depuis lors. Elle s'inscrit dans un environnement qui se partage en deux camps depuis les élections législatives de juin 2014 remportées par les libéraux au détriment des islamistes. Affirmant défendre la révolution de 2011 qui a mis fin au régime de Mu'ammar al-Kadhafi, la coalition islamiste de Fajr Libya – « Aube de la Libye » –, dirigée par la milice de Misrata et soutenue par le groupe Ansar al-Charia proche d'Al-Qaida, a chassé le pouvoir de Tripoli et installé le gouvernement rebelle d'Omar al-Hassi et le Congrès général national issu de l'ancien Parlement dominé par les Frères musulmans. Les populations touarègues et berbères de l'ouest du pays s'y sont ralliées. Le gouvernement d'Abdallah al-Thani, issu des urnes et reconnu par l'O.N.U. et la Ligue arabe, s'est réfugié à Tobrouk, dans l'est du pays, tandis que le Parlement élu en juin 2014 siège à Al-Baïda, dans la même région. Ces institutions sont soutenues par la coalition dirigée par le général Khalifa Haftar qui rassemble l'embryon de l'Armée nationale libyenne, la milice de Zenten, ainsi que des militaires liés à l'ancien régime. Ces forces, soutenues notamment par l'Égypte, ont lancé l'opération Karama (« Dignité ») contre le « terrorisme » islamiste. Elles bénéficient de l'appui des populations toubou qui habitent le sud du pays. Les deux camps se disputent en particulier le contrôle des réserves et des terminaux pétroliers.
Le 16, l'aviation égyptienne bombarde en guise de représailles les positions de l'E.I. dans son fief de Derna, dans l'est du pays.
Le 20, l'E.I. revendique des attentats-suicides commis le jour même à Al-Qoba, non loin de Derna, qui font plus de quarante morts dont au moins six Égyptiens.