15-22 septembre 2021
France - Australie - États-Unis - Royaume-Uni. Changement d’alliance dans la zone indo-pacifique
Le 15, les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni annoncent la conclusion d’un partenariat stratégique baptisé AUKUS (Australia-United Kingdom-United States), qui vise à contrer l’influence de la Chine dans la zone indopacifique. Cette alliance doit permettre à Canberra de se doter de sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire grâce à un partage de technologie accordé par Washington. Cela implique la rupture par l’Australie du contrat de fourniture et d’entretien de douze sous-marins d’attaque conventionnels, conclu en février 2019 avec le groupe français de construction navale de défense Naval Group (dont l’État français détient plus de 62 % des parts). Ce contrat historique s’élevait à un montant de 35 milliards d’euros sur cinquante ans, dont 8 devaient revenir à la France. Paris dénonce une « décision contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie » et déclare que « le choix américain, qui conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France […], au moment où nous faisons face à des défis sans précédent dans la région indopacifique, […] marque une absence de cohérence ».
Le 16, Pékin dénonce un accord « irresponsable » qui « met sérieusement à mal la paix et la stabilité régionale et intensifie la course aux armements ».
Le 17, Paris annonce le rappel de ses ambassadeurs à Washington et Canberra. Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian justifiera cette mesure sans précédent en déclarant : « Il y a eu mensonge, il y a eu duplicité, il y a eu une rupture majeure de confiance, il y a eu mépris […]. »
Le 20, la France obtient le soutien, sur ce dossier, de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, du président du Conseil européen Charles Michel et du haut-représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères Josep Borrell, lors de la réunion des chefs de la diplomatie de l’UE à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
Le 22, le président français Emmanuel Macron et Joe Biden se téléphonent. Le président américain admet que « des consultations ouvertes […] auraient permis d’éviter cette situation ». Il reconnaît reconnaissent par ailleurs l’« importance stratégique » de « l’engagement de la France et de l’Union européenne dans la région indopacifique ». Le président français annonce le prochain retour à Washington de l’ambassadeur de France.