15-26 mars 1989
U.R.S.S.. Victoire électorale des réformateurs ou des nationalistes
Le 15, devant le comité central réuni à Moscou, Mikhaïl Gorbatchev dresse un tableau sans fard de la situation agricole soviétique. Insistant sur les pénuries catastrophiques, résultant d'une mauvaise gestion tout autant que de l'incurie ou du gaspillage, il annonce une « réorganisation fondamentale des rapports économiques » et fait adopter, le lendemain, le principe de réformes destinées à rendre les paysans « maîtres de la terre », rompant ainsi avec la collectivisation stalinienne. Au cours de cette réunion, le comité central élit les cent députés qui représenteront le parti au futur Congrès du peuple : Egor Ligatchev, leader des conservateurs, est élu, puisqu'il n'y a que cent candidats, mais il obtient le plus mauvais score avec 78 voix sur 641.
Le 26, au terme d'une vraie campagne électorale qui leur a permis de s'initier au débat politique, les Soviétiques se rendent aux urnes pour élire 1 500 des 2 250 membres du nouveau Congrès, les 750 autres étant désignés directement par les organisations légales. Bien que 85 p. 100 des candidats appartiennent au P.C.U.S., l'existence de candidatures multiples fait de ce scrutin le plus libre depuis 1917. La participation s'élève à 89,8 p. 100, mais seulement à 71,9 p. 100 en Arménie où les nationalistes ont appelé au boycottage. À l'issue de ce premier tour, 1 958 députés, sur 2 250, sont élus, parmi lesquels 87,6 p. 100 de membres du P.C.U.S. et 17,1 p. 100 de femmes. Le corps électoral a clairement soutenu les candidats réformateurs ou, dans les républiques baltes, nationalistes. À Moscou, Boris Eltsine, qui jouit d'une grande popularité, est élu avec 89,44 p. 100 des suffrages, tandis que, à Leningrad, les cinq plus hauts dirigeants du parti sont désavoués. Pour les quelque trois cents sièges restant à pourvoir, deux autres tours de scrutin seront organisés le 9 avril et le 14 mai.