15-29 novembre 1985
France. Polémique autour de la création d'une cinquième chaîne de télévision
Le 15, la majorité de l'Assemblée nationale adopte un amendement, déposé à la dernière minute par le gouvernement, autorisant les pouvoirs publics à installer sur les édifices élevés et en particulier sur la tour Eiffel, propriété de la Ville de Paris, des émetteurs destinés à permettre la réception des nouvelles chaînes de télévision privées. Le gouvernement entend ainsi contourner la négociation entre la mairie de Paris et Télédiffusion de France qui menaçait de ne pas aboutir avant les élections de mars 1986. En dépit des protestations de l'opposition et malgré le refus du Sénat, exprimé le 28, l'ensemble du projet de loi autorisant la création de télévisions privées en France, y compris cet « amendement tour Eiffel », sera définitivement voté, le 29, par les seuls députés socialistes.
Le 20, le secrétariat d'État à la Communication annonce qu'aux termes d'un contrat signé la veille la concession d'une chaîne de télévision, la cinquième, mais la première privée non cryptée, a été attribuée à une société privée qui sera constituée autour de Jérôme Seydoux, P.-D.G. du groupe Chargeurs S.A., Christophe Riboud, directeur général de l'I.F.O.P. et Silvio Berlusconi, P.-D.G. du groupe italien Fininvest, qui contrôle 80 p. 100 de la télévision privée en Italie. Le capital de la nouvelle société, qui sera présidée par Jérôme Seydoux et contrôlée à 60 p. 100 par des intérêts français, reste ouvert à d'autres partenaires, « notamment à la presse française et à d'autres intérêts européens ». La « 5 » émettra au plus tard le 20 février et ses émissions seront diffusées par T.D.F. Pour le quota de programme français, le gouvernement a fait des concessions importantes, afin de favoriser le démarrage de la chaîne au cours des premières années. Enfin, pour la publicité, une large souplesse est accordée à la « 5 », qui pourra par exemple couper les émissions et les films par des spots publicitaires. Cette décision, prise par François Mitterrand, qui la justifie longuement, le 21, au cours de sa conférence de presse, provoque une virulente polémique dans les milieux du cinéma et de l'audiovisuel ainsi que dans le monde politique, en raison des conditions dans lesquelles les négociations ont été menées et ont abouti, mais aussi à cause de la personnalité de Silvio Berlusconi, critiqué pour son pragmatisme commercial dénué de toute considération culturelle.