15-30 mars 1989
France. Grève des fonctionnaires en Corse
Le 15, plus de la moitié des dix mille fonctionnaires corses défilent dans les rues de Bastia et d'Ajaccio à l'appel de leurs syndicats, alors que la grève s'est étendue à toute la fonction publique de l'île. Les fonctionnaires protestent contre le refus gouvernemental de classer la région en « zone zéro » de vie chère, alors qu'une étude de l'I.N.S.E.E. a montré que les prix de détail y sont supérieurs de 15 p. 100 à ceux du continent, et réclament une prime d'insularité de 1 000 francs. Les manifestations syndicales sont les plus importantes en Corse depuis la Libération. Les aéroports sont fermés, et un blocus des ports est mis en place.
Le 16, alors que la grève est quasi générale, les enseignants se joignant au mouvement, le gouvernement exclut de céder sur les revendications syndicales. Pierre Bérégovoy rappelle que l'État verse 753 millions de francs de subventions pour assurer la « continuité territoriale ».
Le 20, tandis que la situation devient de plus en plus confuse, Michel Rocard reçoit les six parlementaires de l'île et propose une « concertation approfondie » autour de quatre tables rondes. Les syndicats corses rejettent la proposition et reçoivent l'appui des centrales nationales ; la C.F.D.T. et la C.G.T. réclament des négociations. Le Syndicat des travailleurs corses (S.T.C., autonomiste), en retrait jusqu'alors, rejoint également le mouvement. Pourtant, les jours suivants, le blocus est levé et une fragile détente semble s'instaurer.
Le 25, une tentative de discussion avec les syndicats corses qui ont accepté de se rendre à l'hôtel Matignon se clôt sur un échec.
Le 28, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre font quatorze blessés, dont douze policiers, devant la préfecture de Bastia. De nouveaux heurts feront dix blessés le lendemain.
Le 30, le gouvernement tente de renouer le dialogue en proposant qu'une indemnité forfaitaire de transport soit attribuée à tout fonctionnaire affecté sur l'île, à la condition que le travail reprenne immédiatement. Les syndicats rejetant ce préalable, la situation semble bloquée, ce qui n'est pas sans provoquer l'inquiétude des professionnels du tourisme.