15-30 octobre 1985
Afrique du Sud. Nouveaux troubles et vive réprobation internationale après l'exécution d'un militant noir
Le 15, le président Botha refuse le recours en grâce et la réouverture du procès de Benjamin Moloïse, jeune militant noir, sympathisant du Congrès national africain (A.N.C.), condamné à mort pour le meurtre d'un policier.
Le 17, plusieurs ambassadeurs occidentaux ainsi que le représentant de la C.E.E. à Johannesburg lancent des appels à la clémence. Roland Dumas, ministre français des Relations extérieures, fait remettre un message où il déclare que la réprobation que susciterait l'exécution de Benjamin Moloïse rendrait encore plus malaisée « la recherche d'une solution durable aux problèmes que connaît la société sud-africaine ».
Le 18, Benjamin Moloïse est pendu dans la prison centrale de Pretoria. Cette exécution, ressentie comme un pas de plus dans la répression, donne lieu à des scènes d'émeutes à Johannesburg, où, pour la première fois, des Blancs sont pris à partie et battus par des Noirs, et suscite de très nombreuses et très vives protestations internationales.
Le 26, l'état d'urgence est étendu à 8 districts de la région du Cap, vingt-quatre heures après avoir été levé dans 6 autres districts. Le régime d'exception décrété le 21 juillet est donc appliqué désormais dans 38 des 265 circonscriptions et surtout dans trois grandes villes : Johannesburg, Port-Elizabeth et Le Cap, dont les townships ou cités noires continuent d'être touchées par de nombreux incidents : selon les chiffres officiels, ces troubles ont fait 264 morts en trois mois.
Le 30, cinq élections partielles sont marquées par une forte poussée de la droite et l'entrée au Parlement du premier député membre d'une formation d'extrême droite, le Herstige nasional Party (H.N.P.), fortement attachée au strict maintien de l'apartheid.