15-31 juillet 2016
Turquie. Échec d’une tentative de coup d’État
Le 15, quelques centaines de militaires putschistes investissent des positions stratégiques à Istanbul et Ankara. Ils s’emparent du siège de la chaîne publique dans la capitale et annoncent leur volonté de « restaurer l’ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l’homme et les libertés ». Sur une autre chaîne, le président Recep Tayyip Erdogan appelle ses concitoyens à descendre dans la rue pour le soutenir. Son appel est relayé par les imams. Des affrontements meurtriers opposent les putschistes aux forces loyalistes et à la population dans les deux grandes villes du pays. Les insurgés bombardent le Parlement et le palais présidentiel à Ankara. Les partis de l’opposition parlementaire dénoncent le putsch, tout comme la plupart des capitales dans le monde. Traditionnelle garante de l’État républicain et laïque, l’armée a déjà fomenté des coups d’État dans le pays en 1960, 1971 et 1980. Ses chefs ne se rallient pas aux putschistes.
Le 16, alors que l’ordre est rétabli, le président Erdogan dénonce l’implication dans la tentative de coup d’État de son adversaire Fethullah Gülen, chef d’une confrérie islamiste, exilé aux États-Unis. Le bilan des violences est d’au moins deux cent quatre-vingt-dix morts, dont une centaine d’insurgés.
Dès le 16, le pouvoir lance une vague de répression qui vise en premier lieu le haut commandement militaire, mais aussi la justice, la police, l’éducation et les médias. Dans les jours qui suivent, des dizaines de milliers de fonctionnaires sont arrêtés ou mis à pied, des écoles et universités fermées et des associations dissoutes. L’ancien chef de l’armée de l’air Akin Öztürk et l’ex-conseiller juridique de l’état-major Muharrem Köse sont présentés comme les deux instigateurs du putsch.
Le 17, le président Erdogan approuve la demande de rétablissement de la peine de mort exprimée par ses partisans qui continuent d’occuper la rue à la demande du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir. La peine capitale avait été abolie en 2004 dans la perspective de l’adhésion du pays à l’Union européenne (UE).
Le 18, l’UE, tout comme les États-Unis et l’OTAN, condamne le putsch, mais appelle Ankara au respect de l’État de droit. Bruxelles réaffirme qu’« aucun pays ne peut adhérer à l’Union s’il introduit la peine de mort ».
Le 19, le président Erdogan réitère sa demande d’extradition de Fethullah Gülen lors d’un entretien téléphonique avec le président américain Barack Obama. De nombreux commentateurs jugent que les États-Unis portent une responsabilité dans la tentative de putsch.
Le 20, le président Erdogan instaure l’état d’urgence pour trois mois.
Le 25, le gouvernement propose aux partis de l’opposition parlementaire, le Parti républicain du peuple (social-démocrate), le Parti d’action nationaliste (nationaliste) et le Parti démocratique des peuples (prokurde), de « travailler à une nouvelle Constitution ».
Le 31, un décret relatif à l’instauration de l’état d’urgence place l’armée sous la tutelle du ministère de la Défense – elle était jusque-là largement autonome.