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15 décembre 1998

France. Rapport de la mission d'information parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda

La mission d'information parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994, créée en mars et présidée par Paul Quilès (P.S.), rend public son rapport. C'est la première fois que le Parlement enquête sur un « domaine réservé » de l'Élysée. La période étudiée s'étend de la date de la première offensive armée du Front patriotique rwandais (F.P.R.), en octobre 1990, au génocide qui a causé la mort de cinq cent mille à un million de Tutsi, au lendemain de l'attentat d'avril 1994 contre le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira. La France a lancé trois opérations militaires au cours de cette période : l'opération d'assistance « Noroît », d'octobre 1990 à décembre 1993, initialement destinée à protéger et à évacuer les ressortissants français à la suite de l'offensive du F.P.R. ; l'opération d'assistance « Amaryllis », en avril 1994, qui avait le même objectif ; l'opération humanitaire « Turquoise », placée sous le mandat de l'O.N.U., de juin à août 1994, au moment de la débâcle des Forces armées rwandaises (et des milices hutu devant l'avancée du F.P.R. Le rapport n'énonce pas de conclusion quant aux auteurs – F.P.R. ou extrémistes hutu – de l'attentat contre les deux présidents africains. Il dégage Paris de toute responsabilité dans le déclenchement du génocide contre les Tutsi, en 1994. Celui-ci est analysé comme un « échec de la communauté internationale », et particulièrement de l'O.N.U. Il stigmatise également l'incapacité de la France à tirer « les enseignements adaptés » des « risques d'un déchaînement de la violence » qu'elle avait « parfaitement perçus ». Enfin, le rapport énonce des propositions en vue d'améliorer la « gestion des crises, notamment en Afrique », comme le renforcement du contrôle parlementaire sur les opérations militaires extérieures, le rattachement de l'assistance militaire technique au ministère de la Défense et la réforme de la Coopération. Jugeant que la France peut s'estimer « fière » de son action au Rwanda, l'opposition rejette le rapport.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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