15 février-3 mars 1994
Algérie. Persistance de l'insécurité et élection de Liamine Zéroual comme chef de l'État à la suite de la Conférence nationale
Le 15, une Française employée au consulat de France et mariée avec un Algérien est tuée à Alger. C'est le vingt-sixième étranger victime de l'action présumée de groupes armés islamistes depuis septembre 1993. Paris annonce une réduction des effectifs officiels français en Algérie. Un Tunisien de confession juive sera tué à Alger le 27.
Le 15 également, une soixantaine de militaires sont tués dans l'attaque de la caserne de Telaghmet, près de Sidi Bel Abbes, attribuée à des groupes armés islamistes.
Le 16, le général Liamine Zéroual, ministre de la Défense, met en garde les partis qui décideraient de boycotter la Conférence nationale de consensus, prévue pour les 25 et 26, en déclarant que « l'armée ne restera pas les bras croisés devant les dangereux dérapages qui menacent l'avenir de l'Algérie ».
Le 19, le ministère de l'Intérieur annonce, comme des « mesures d'apaisement » destinées à favoriser la tenue de la Conférence nationale, la libération d'une partie des 780 islamistes détenus dans des « centres de sûreté » dans le Sahara, ainsi que la « levée immédiate des mesures de placement en résidence surveillée ».
Les 25 et 26 se tient à Alger la Conférence nationale convoquée par le Haut Comité d'État (H.C.E.) afin de dégager un consensus autour de solutions à la crise politique, et de légitimer les nouvelles institutions qui doivent régir le pays durant trois ans. Aucun représentant de l'ex-Front islamique de salut n'est convié et aucune des grandes formations politiques – Front de libération nationale d'Abdelhamid Mehri, Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed, Rassemblement pour la culture et la démocratie de Saïd Sadi, Mouvement pour la démocratie en Algérie d'Ahmed Ben Bella – n'y participe. Le 24, un amendement au projet de plate-forme nationale avait confié au Haut Conseil de sécurité (H.C.S.) composé de ministres et de militaires, et non plus à la Conférence, le soin de désigner le prochain chef de l'État. La Conférence met fin au mandat du H.C.E. mis en place par le H.C.S. en janvier 1992 après l'arrêt du processus électoral, et décide le remplacement du Conseil consultatif national, qui faisait office de Parlement de transition, par un Conseil national de transition.
Le 31, à la suite du retrait de la candidature de l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika, le H.C.S. nomme le général Zéroual à la tête de l'État. Celui-ci conserve ses fonctions de ministre de la Défense. Le nouveau président se présente comme un homme de « rupture » avec les méthodes du passé, et serait partisan du dialogue avec les islamistes et de l'abandon de la politique de répression. Il reconduit dans ses fonctions le Premier ministre Redha Malek.