16-23 juin 1983
Vatican - Pologne. Visite du pape Jean-Paul II en Pologne
Deux jours avant la visite du pape, le ministère de l'Intérieur polonais a lancé une mise en garde contre d'éventuelles manifestations politiques. Parallèlement, la surveillance policière de Lech Wałęsa, qui compte rencontrer Jean-Paul II à Czestochowa, est renforcée.
Le 16, le pape arrive à l'aéroport de Varsovie. Immédiatement, citant un poète polonais, il déclare : « Mon cri sera le cri de toute la patrie », donnant ainsi le ton de son voyage. Une foule immense l'acclame et défile ensuite dans les rues, scandant le mot « Solidarité » et le nom de l'ex-leader du syndicat.
Le 17, à Varsovie, Jean-Paul II s'entretient pendant deux heures avec le général Jaruzelski, exprimant le souhait de voir mis en œuvre les accords de Gdańsk d'août 1980. Le même jour, il célèbre la messe devant près d'un million de personnes, qui acclament l'évocation du syndicat dissous.
Les 18 et 19, le pape se rend en pèlerinage à Czestochowa. Devant les débordements des foules énormes que déplace le souverain pontife, devant les propos de ce dernier, exhortant ses compatriotes à lutter contre la « démoralisation », le pouvoir adresse, le 19, une mise en garde à l'Église : le service d'ordre mis en place par l'épiscopat devra adopter dorénavant une attitude plus déterminée.
Le 20, Jean-Paul II se rend à Poznań et à Katowice. Il y renouvelle son soutien à Solidarité, évoquant le « droit inné » des travailleurs à s'organiser en syndicats ; il se prononce également pour l'autogestion. Après une visite à Wroclaw, le 21, où il bénit la « soif de justice » des travailleurs polonais et où la police disperse de jeunes manifestants, le pape se rend, le 22, à Cracovie, siège de son ancien archidiocèse. Ce même jour Lech Walesa est autorisé à quitter Gdańsk pour le rencontrer, et le général Jaruzelski se rend dans l'ancienne capitale des rois de Pologne pour s'entretenir à nouveau avec Jean-Paul II.
Le 23, journée considérée comme « privée » dans le voyage pontifical, le pape rencontre Lech Walesa et sa famille, en dehors de tout témoin. Le soir même, il repart pour Rome, au terme d'un voyage qui a galvanisé tout le pays et embarrassé les autorités.