16-28 juin 1989
France. Polémique autour des « affaires » et du financement des partis
Le 16, la justice rend un non-lieu général dans l'affaire Luchaire. Révélée en février 1986, elle concernait des ventes d'armes – malgré l'embargo – à l'Iran par la société Luchaire et le versement par cette dernière de sommes au P.S. Cette décision, alors même que la matérialité des exportations illégales d'obus est prouvée, provoque des remous dans les milieux judiciaires, inquiets pour l'indépendance de leur pouvoir.
Le 20, le Conseil des ministres adopte deux projets de loi, l'un ordinaire, l'autre organique, sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales. Le premier de ces textes comporte un article amnistiant toutes les infractions commises avant le 15 juin en rapport « direct ou indirect » avec les ressources de l'activité politique. L'ampleur et la généralité de cette disposition, qui concernerait plusieurs milliers d'élus de tous bords, jettent le trouble non seulement dans l'opinion publique et les organisations syndicales de magistrats, mais aussi chez certains députés socialistes ainsi qu'au sein même du gouvernement qui paraît divisé sur l'adoption en urgence de ce texte.
Le 22, quatre nouvelles inculpations sont prononcées dans l'instruction d'une importante affaire de fausses factures concernant la Société auxiliaire d'entreprise (S.A.E.). Trois d'entre elles concernent des financiers du P.S., la quatrième met en cause un proche de Jean-Claude Gaudin, président du groupe U.D.F. à l'Assemblée nationale. Sur trente-deux inculpés dans cette affaire, douze appartiennent à la classe politique, cinq étant liés au P.S. et sept à l'opposition.
Le 28, Michel Rocard confirme à l'Assemblée nationale le report à l'automne de la discussion sur le financement des partis. Répondant aux accusations de vouloir étouffer les « affaires » par l'amnistie, il déclare que seuls les magistrats décideront de sa date d'application, afin que les enquêtes soient menées à leur terme.