16-29 avril 1998
France. L'euro, enjeu de politique intérieure
Le 16, avant le sommet de Bruxelles qui doit entériner, en mai, la liste des pays qui adopteront la monnaie unique, le président Chirac organise une conférence de presse consacrée aux questions européennes. Rappelant qu'il est l'initiateur de la politique européenne, il critique certaines décisions du gouvernement, comme la réduction du temps de travail à trente-cinq heures, qui isole la France de ses partenaires de l'Union. Jacques Chirac se déclare opposé à un référendum constitutionnel préalable à la ratification du traité d'Amsterdam. Il réclame une modification du mode de scrutin pour les élections européennes. Le chef de l'État, qui défend la monnaie unique, veut rassurer les « eurosceptiques » en vantant les mérites d'une « Europe des nations » pragmatique.
Le 21, s'exprimant pour la première fois devant l'Assemblée nationale depuis sa déclaration de politique générale, en juin 1997, le Premier ministre, Lionel Jospin, introduit le débat parlementaire sur l'adoption de l'euro, soulignant les contradictions du R.P.R. qui a appelé à repousser la résolution soumise au vote tout en se déclarant favorable à l'euro. Il tente également de rassurer ceux des membres de sa majorité qui sont hostiles au passage à la monnaie unique.
Le 22, la proposition de résolution recommandant l'adoption de l'euro est approuvée par 334 voix – principalement celles du Parti socialiste et de l'U.D.F. – contre 49 – les communistes, le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement et la Gauche socialiste. Le R.P.R. décide finalement de ne pas prendre part au vote et de déposer une motion de censure à laquelle l'U.D.F. s'associera.
Le 29, l'Assemblée repousse la motion de censure contre la politique économique du gouvernement – la première depuis le début de la législature –, à laquelle le Premier ministre oppose l'amélioration de la situation du pays.