16-29 mai 1995
Bosnie-Herzégovine. Des centaines de casques bleus pris en otage par les Serbes bosniaques
Le 16, Sarajevo subit les bombardements et les échanges d'artillerie les plus intenses depuis février 1994, date de l'ultimatum adressé aux Serbes bosniaques par les Occidentaux qui avaient alors exigé le retrait des armes lourdes dans un rayon de 20 kilomètres autour de la capitale.
Le 24, après une journée de combats particulièrement violents à Sarajevo, le colonel Rupert Smith, commandant de la Forpronu en Bosnie, lance un nouvel ultimatum aux belligérants, les menaçant de frappes aériennes de l'O.T.A.N.
Le 24 également, à New York, le général Bernard Janvier, commandant en chef de la Forpronu, demande au Conseil de sécurité de l'O.N.U. « une décision claire, rapide et précise », la situation étant, selon lui, devenue « totalement intenable » pour les casques bleus en Bosnie.
Le 25, devant la poursuite des combats à l'arme lourde, l'aviation de l'O.T.A.N. procède à un raid d'« avertissement » contre un dépôt de munitions, à Pale, le fief des Serbes bosniaques situé à l'intérieur de la zone d'exclusion entourant Sarajevo. Ceux-ci ripostent aussitôt en bombardant plusieurs villes décrétées « zone de sécurité » par l'O.N.U. en mai 1993, dont Tuzla, dans le centre du pays, où soixante-seize personnes sont tuées. Ils s'emparent également d'armes lourdes placées sous le contrôle de la Forpronu, autour de Sarajevo, et retiennent leurs gardiens prisonniers.
Le 26, l'O.T.A.N. effectue de nouvelles frappes aériennes contre des positions serbes autour de la capitale bosniaque. Les hommes de Radovan Karadzić prennent en otage cent soixante-sept casques bleus dans la région de Sarajevo, qu'ils répartissent sur des sites stratégiques afin d'empêcher la poursuite des bombardements de l'O.T.A.N. Ils s'empareront de dizaines d'autres otages les jours suivants.
Le 27, deux soldats français de l'O.N.U. sont tués dans la reconquête du poste d'observation situé sur le pont de Vrbanja, près de la capitale. Il s'agit de la première riposte organisée de la Forpronu. Ces morts portent à trente-cinq le nombre de casques bleus français tués dans le pays.
Le 28, les Occidentaux annoncent l'envoi de renforts. Deux porte-avions, un français et un américain, appareillent pour l'Adriatique tandis que Londres dépêche sur place cinq mille hommes supplémentaires. Dans le même temps, les chefs d'État occidentaux demandent au président russe Boris Eltsine de faire pression sur son homologue serbe, Slobodan Miloševič, pour débloquer la situation.
Le 28 également, le ministre des Affaires étrangères bosniaque, Irfan Ljubijankić, est tué dans la chute de son hélicoptère, abattu par un tir de roquette près de Bihać, dans le nord-ouest du pays.
Le 29, satisfaisant aux demandes pressantes de Paris, les cinq pays membres du « groupe de contact » – France, Grande-Bretagne, Allemagne, États-Unis, Russie –, réunis à La Haye, annoncent leur intention de renforcer la Forpronu en la dotant notamment d'une « capacité de réaction rapide » destinée à secourir des casques bleus menacés. Ils prévoient également de poursuivre les négociations avec Belgrade en proposant, en échange de la reconnaissance de la Bosnie, une suspension des sanctions imposées par l'O.N.U. à la Serbie.