16-29 novembre 1988
U.R.S.S.. Fronde des républiques baltes et géorgienne et conflits entre Azéris et Arméniens
Le 16, pour la première fois dans l'histoire de l'U.R.S.S., le Soviet suprême d'une république, celle d'Estonie, rejette plusieurs projets d'amendements constitutionnels proposés par Moscou et proclame la suprématie de ses propres lois sur celles de l'État soviétique. Ce défi au pouvoir central est consécutif à la publication, le 22 octobre, des projets d'amendements à la Constitution visant à la démocratisation des procédures électorales, au renforcement des pouvoirs des assemblées élues et à un effacement relatif du Parti. Mais ces textes, dont Mikhaïl Gorbatchev avait fait adopter le principe par la conférence du Parti en juin, inquiètent les républiques baltes (l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie) qui estiment qu'ils vont à l'encontre de leurs espoirs d'autonomie économique et politique.
Le 23, c'est au tour du Soviet suprême de la république de Géorgie de demander des changements aux projets d'amendements constitutionnels, tandis qu'une foule de deux cent mille personnes manifeste à Tbilissi.
Le 24, la mobilisation massive et menaçante d'Azéris à Bakou et d'Arméniens à Erevan, autour de la question du rattachement de la région autonome du Haut-Karabakh à la république d'Arménie, aggrave la détérioration, sensible depuis plusieurs jours, de la situation dans le Caucase, où trois soldats soviétiques ont été tués, le 22, dans des affrontements interethniques. À Kirovabad et à Nakhitchevan, en Azerbaïdjan, des Arméniens sont victimes de pogroms. Le bilan officiel des troubles s'élève à vingt-huit morts.
Le 25, alors que des troupes et des blindés sont déployés dans le Caucase et que des milliers d'Arméniens d'Azerbaïdjan et d'Azéris d'Arménie entament une migration vers leur république d'origine, Mikhaïl Gorbatchev annonce la convocation à Moscou de représentants des deux communautés.
Le 26, le présidium du Soviet suprême de l'U.R.S.S. annule la décision prise le 16 par le Parlement estonien en la déclarant contraire à la Constitution. À l'issue de la séance, Mikhaïl Gorbatchev lance un appel en faveur de l'union mais envisage aussi l'élargissement des droits des républiques fédérées.
Le 29 s'ouvre la session extraordinaire du Soviet suprême consacrée aux projets d'amendements de la Constitution (adoptés le 1er décembre sans grande modification). À l'issue de ce vote sont réunis au Kremlin, autour de Mikhaïl Gorbatchev et de quatre autres membres du bureau politique, les plus hauts dirigeants arméniens et azerbaïdjanais qui sont sommés de « réduire et supprimer la tension » et de « renforcer l'ordre et la discipline ».