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17-25 septembre 1985

France. Prolongements politiques de l'affaire Greenpeace et démission de Charles Hernu

Le 17, le journal Le Monde publie les résultats d'une enquête établissant que le Rainbow Warrior, navire du mouvement Greenpeace victime d'un attentat, le 10 juillet, dans le port d'Auckland (Nouvelle-Zélande), aurait été coulé par deux nageurs de combat de l'armée française. Des sources concordantes permettent au quotidien du soir d'affirmer que les cinq agents secrets déjà identifiés (les trois membres de l'équipage de L'Ouvéa et les faux « époux Turenge ») étaient chargés d'épauler cette « troisième équipe », agissant sur ordre.

Quelques heures après la publication de ces informations, Charles Hernu, ministre de la Défense, diffuse un communiqué affirmant « qu'aucun service, qu'aucune organisation dépendant de son ministère n'a reçu l'ordre de commettre un attentat contre le Rainbow Warrior ».

Le 18, à la sortie du Conseil des ministres, Georgina Dufoix, porte-parole du gouvernement, déclare que celui-ci est « solidaire dans la recherche de la vérité ». À 16 h 30, Charles Hernu convoque les journalistes au ministère de la Défense et leur fait part de son « indignation devant la campagne de calomnies menée contre des responsables militaires français » ; mais il ajoute : « Si l'on m'a désobéi, ou si l'on m'a menti, je le ferai immédiatement savoir et je demanderai au gouvernement d'en tirer les conséquences. »

Le 19, Le Monde fait état d'une enquête qui sera publiée le lendemain par L'Express. L'hebdomadaire révèle l'affectation et le grade des deux militaires composant la troisième équipe. Tandis que Charles Hernu convoque dans son bureau, un par un, plusieurs chefs militaires, François Mitterrand adresse dans l'après-midi une lettre à Laurent Fabius. Il y constate que « la presse fait état d'éléments nouveaux, dont nous ne pouvons apprécier la réalité faute d'avoir obtenu des services compétents les informations nécessaires » ; et écrit en conclusion : « Cette situation ne peut plus durer. Le moment est venu de procéder sans délai aux changements de personnes et, le cas échéant, de structures qu'appellent ces carences. »

Le 20, Charles Hernu démissionne et il est mis fin aux fonctions de l'amiral Pierre Lacoste, directeur général de la D.G.S.E.

Le même jour, Paul Quilès est nommé ministre de la Défense. Jean Auroux, secrétaire d'État chargé des Transports, lui succède au ministère de l'Urbanisme, du Logement et des Transports. Du côté de l'opposition, les responsables de l'U.D.F. mettent surtout en cause la responsabilité du chef de l'État, tandis que le R.P.R. concentre ses attaques sur le seul Premier ministre, voulant préserver les chances d'une cohabitation après les élections de 1986.

Le 22, Laurent Fabius reconnaît devant la presse que le Rainbow Warrior a été coulé par des agents de la D.G.S.E. : « ils ont agi sur ordre ; cette vérité a été cachée au conseiller d'État Tricot », chargé d'une enquête administrative en août. Il ajoute que les « simples exécutants » doivent être « mis hors de cause », car ils « n'ont fait qu'obéir ».

Le 25, le Conseil des ministres nomme le général René Imbot directeur général des services secrets français ; il est remplacé au poste de chef d'état-major de l'armée de terre par le général Maurice Schmitt.

Le 25 également, Laurent Fabius affirme sur TF 1 que « la responsabilité de ce genre d'opération incombe à l'autorité politique, c'est-à-dire au ministre ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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