17-26 mars 1986
France. Nomination de Jacques Chirac au poste de Premier ministre
Le 17, François Mitterrand s'adresse au pays dans une allocution télévisée. Il prend acte de la victoire d'une « majorité nouvelle », au sein de laquelle il lui appartient de nommer le Premier ministre. Quelques heures auparavant, les dirigeants R.P.R. et U.D.F. avaient indiqué que toute personnalité pressentie par le chef de l'État devait au préalable s'assurer du soutien de la coalition majoritaire.
Le 18, Jacques Chirac est reçu à l'Élysée par François Mitterrand qui lui propose de devenir Premier ministre. La conversation porte sur les conditions de la cohabitation, et le président de la République demande que les titulaires des ministères de la Défense et des Relations extérieures soient des personnalités avec lesquelles il puisse « travailler en harmonie ».
Le 20, Jacques Chirac, qui a consulté à l'Hôtel de Ville de Paris les responsables de la majorité, est nommé Premier ministre après avoir été à nouveau reçu à l'Élysée. Dans une déclaration faite juste après sa nomination, il définit les grands principes de son action future et demande aux Français de « se rassembler dans un esprit d'ouverture et de tolérance mutuelle pour mener à bien l'indispensable renouveau » du pays. Il annonce en outre le recours aux ordonnances, les unes économiques et sociales, concernant en particulier les dénationalisations, et les autres relatives au rétablissement du scrutin majoritaire pour les prochaines législatives. La composition du gouvernement est ensuite rendue publique. Il comprend un ministre d'État, treize ministres, huit ministres délégués et quinze secrétaires d'État ; deux autres ministres délégués et un autre secrétaire d'État seront nommés le 25. Le R.P.R., avec vingt postes, contrôle la plupart des ministères économiques ou sociaux ainsi que la Justice, l'Intérieur, la Sécurité et l'Outre-mer : Édouard Balladur est ministre d'État, chargé de l'Économie, des Finances et de la Privatisation, et trois ministres délégués, tous R.P.R., lui sont rattachés ; Albin Chalandon est garde des Sceaux ; Charles Pasqua est chargé de l'Intérieur, avec Robert Pandraud, délégué à la Sécurité ; Bernard Pons est chargé des Départements et Territoires d'outre-mer et Michel Aurillac de la Coopération ; enfin, Philippe Séguin obtient le ministère des Affaires sociales et de l'Emploi et Michèle Barzach est déléguée auprès de lui pour la Santé et la Famille. En outre, François Guillaume, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (F.N.S.E.A.) et très proche du R.P.R., est nommé à l'Agriculture. L'U.D.F., avec dix-sept postes, détient la Culture, la Communication, l'Éducation et l'Industrie : François Léotard est chargé de la Culture et de la Communication ; Pierre Méhaignerie obtient un « superministère » de l'Équipement, du Logement, de l'Aménagement du territoire et des Transports ; René Monory est nommé à l'Éducation nationale, et Alain Madelin est chargé de l'Industrie, des P. et T. et du Tourisme. D'autre part, la Défense et les Affaires étrangères sont attribuées à des « techniciens », respectivement André Giraud et Jean-Bernard Raimond, ambassadeur à Moscou.
Le 22, François Mitterrand préside le premier Conseil des ministres de la cohabitation. Le 26, Jacques Chirac présente le programme du gouvernement et François Mitterrand annonce qu'il n'acceptera les ordonnances « qu'en nombre limité et sur des sujets précis », et qu'en matière sociale il ne signera que celles qui présenteront « un progrès par rapport aux acquis ».