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17-28 février 2014

Ukraine. Renversement du président Viktor Ianoukovitch

Le 17, la loi d'amnistie au bénéfice des manifestants votée en janvier entre en vigueur au lendemain du retrait de ceux-ci de la mairie de Kiev.

Le 17 également, la chancelière allemande Angela Merkel reçoit à Berlin les dirigeants de l'opposition ukrainienne Arseni Iatseniouk et Vitali Klitschko.

Le 17 toujours, la Russie annonce la reprise du versement de l'aide de 15 milliards de dollars promise à l'Ukraine en décembre, qui avait été suspendue au lendemain de la démission du Premier ministre en janvier.

Le 18, la police et les forces antiémeutes – les berkout – lancent une « opération antiterroriste » contre les manifestants qui occupent le centre de Kiev depuis trois mois. Le bilan – au moins vingt-cinq morts – suscite de nombreuses réactions internationales.

Le 19, les affrontements se poursuivent à Kiev, portant le bilan officiel à au moins soixante-dix-sept morts. De nombreuses victimes ont été la cible de tireurs d'élite de la police embusqués.

Le 20, les ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais, respectivement Frank-Walter Steinmeier, Laurent Fabius et Radoslaw Sikorski, rencontrent le président Viktor Ianoukovitch à Kiev, rejoints par l'émissaire du Kremlin Vladimir Loukine.

Le 20 également, les chefs de la diplomatie de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, approuvent le principe de sanctions à l'encontre des « responsables des violences » en Ukraine – attitude également adoptée par les États-Unis.

Le 21, le pouvoir et l'opposition concluent un accord sous la pression des ministres européens. Le texte prévoit notamment l'organisation d'une élection présidentielle anticipée au plus tard en décembre, le désarmement des opposants, la restauration de la Constitution parlementaire de 2004 et la désignation d'un gouvernement d'union nationale. Le Parlement entérine massivement l'accord. Il vote également la suppression de l'article de loi au titre duquel l'ancienne Première ministre et opposante Ioulia Timochenko avait été condamnée à sept ans de prison en octobre 2011 pour abus de pouvoir. Il destitue enfin le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko, en fuite. Tandis que les occupants de la place Maïdan rejettent l'accord, le président Ianoukovitch fuit la capitale. Les jours suivants, la foule investira la fastueuse résidence présidentielle de Mejgorié, dans les environs de Kiev.

Le 22, le président du Parlement Volodymyr Rybak démissionne. Oleksandre Tourtchinov, un proche de Ioulia Timochenko, est élu à sa place. Le Parlement constate l'incapacité du président Ianoukovitch à assurer ses fonctions, entérine le retour à la Constitution de 2004 et fixe au 25 mai la date de l'élection présidentielle. Libérée, Ioulia Timochenko s'adresse à la foule rassemblée sur la place Maïdan.

Le 23, le Parlement nomme Oleksandre Tourtchinov au poste de président par intérim, en application de la Constitution. Il abroge la loi accordant au russe le statut de seconde langue officielle.

Le 24, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev émet des « doutes sérieux » sur la légitimité du nouveau pouvoir ukrainien. En Crimée, république autonome majoritairement russophone rattachée à l'Ukraine en 1954, une foule de militants prorusses investit la mairie de Sébastopol pour y imposer un nouveau maire. Le port abrite la flotte russe de la mer Noire.

Les 24 et 25, à Kiev, la haute représentante pour la diplomatie européenne Catherine Ashton rencontre les nouvelles autorités. Le ministre des Finances par intérim estime à 25 milliards d'euros le montant de l'aide nécessaire à la survie du pays en 2014 et 2015.

Le 26, la Russie annonce la « mise en alerte » de ses troupes à la frontière avec l'Ukraine. De leur côté, les États-Unis mettent en garde contre toute atteinte à « la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine ». En décembre 1994, Washington, Londres et Moscou ont signé à Budapest un accord par lequel ils se portent garants de l'indépendance, de la souveraineté et des frontières de l'Ukraine.

Le 27, le Parlement investit un gouvernement technique de transition dirigé par le numéro deux de Batkivchtchina (« Patrie »), la formation de Ioulia Timochenko, Arseni Iatseniouk, nommé Premier ministre la veille. La composition du gouvernement a été négociée entre les partis d'opposition et les représentants des manifestants de la place Maïdan, dont plusieurs occupent des postes ministériels.

Le 27 également, à Simferopol, capitale de la Crimée, des hommes armés non identifiés investissent le siège du gouvernement et du Parlement sur lequel est hissé le drapeau russe. D'autres prennent le contrôle des deux aéroports de la péninsule. Le Parlement limoge le gouvernement de Crimée et élit un nouveau Premier ministre, Sergueï Aksionov. Il décide la tenue, le 25 mai, d'un référendum sur la souveraineté de la Crimée.

Le 28, le gouvernement de Kiev accuse la Russie « d'invasion armée et d'occupation ». Le Kremlin, rompant le silence sur la situation en Ukraine, publie un communiqué demandant au gouvernement russe d'organiser, en consultant le F.M.I. et le G8, une assistance financière à Kiev. De son côté, le président américain Barack Obama, prenant la parole pour la première fois depuis le changement de régime, prévient qu'une intervention russe en Ukraine aurait un « coût ».

Le 28 également, Viktor Ianoukovitch réapparaît à Rostov-sur-le-Don, en Russie, se présentant lors d'une conférence de presse comme « le président ukrainien légalement élu lors d'une élection démocratique ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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