17-29 novembre 1989
Tchécoslovaquie. Prague gagnée par la révolte
Le 17, trente mille étudiants et lycéens, auxquels se joignent des personnes plus âgées, défilent à Prague pour célébrer le cinquantième anniversaire du soulèvement universitaire antinazi. En réponse aux cris de « Liberté » et de « Prague, soulève-toi ! », la police réprime avec brutalité cette manifestation, la plus importante contre le régime depuis vingt ans. La rumeur de la mort d'un étudiant, qui se répand les jours suivants, sera démentie ultérieurement.
À partir du 19, les manifestations deviennent quotidiennes, drainant de plus en plus de participants. Entraînés par la jeunesse et par les intellectuels regroupés à l'initiative de Václav Havel dans le nouveau Forum civique, les ouvriers, employés et passants se joignent aux cortèges.
Le 21, place Venceslas, malgré le froid intense, deux cent mille personnes réclament des réformes, des élections libres ainsi que le départ du chef du Parti communiste, Miloš Jakeš. Cédant aux pressions de la rue, le Premier ministre Ladislav Adamec accepte de rencontrer une délégation de l'opposition, tout en demandant la reprise du travail dans les entreprises en grève.
Le 22, le nom d'Alexander Dubček, l'ancien dirigeant du Printemps de Prague de 1968, est scandé par la foule. Le lendemain, celui-ci prend la parole, pour la première fois en public depuis vingt ans, à Bratislava, puis quitte la Slovaquie pour gagner la capitale.
Le 24, au cours d'une réunion plénière extraordinaire du comité central, la direction du P.C.T. démissionne en bloc, et sept membres sont exclus du bureau politique, ceux qui étaient les plus impliqués dans la répression de 1968, mais aussi le Premier ministre, pourtant réputé réformateur. Karel Urbanek, quarante-huit ans, remplace Miloš Jakeš comme secrétaire général du parti. Ces changements sont accueillis par une explosion de joie dans les rues des villes et, à Prague, Alexander Dubček, acclamé par trois cent mille personnes au côté du dramaturge Václav Havel, se prononce en faveur d'un « socialisme réformé ».
Le 26, tandis que le comité central du parti, qui tient sa seconde réunion plénière de crise en trois jours, décide de nouveaux limogeages en son sein, l'opposition, regroupée dans le Forum civique, présente, à la suite de nouvelles manifestations particulièrement massives à Prague, un programme en sept points réclamant notamment une nouvelle Constitution et des élections libres.
Le 27, le mot d'ordre de grève générale de deux heures sur les lieux de travail, lancé par l'opposition, est massivement suivi à travers tout le pays, au son des cloches, sirènes et autres klaxons qui traduit la liesse de tout un peuple. Les manifestations sont ensuite suspendues en attendant la formation d'un nouveau gouvernement de coalition.
Le 29, l'Assemblée fédérale vote à l'unanimité, au cours d'une séance retransmise à la télévision, une réforme constitutionnelle abolissant le « rôle dirigeant » du P.C.T.