17-30 novembre 1986
France. Vague de protestations contre la politique scolaire et universitaire du gouvernement
Le 17, un mouvement de grève est lancé à l'université de Villetaneuse (Paris-XIII) pour protester contre le projet de réforme des universités présenté le 11 juillet au Conseil des ministres par Alain Devaquet, ministre délégué chargé de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, et voté par le Sénat en première lecture le 30 octobre. La grève s'étend rapidement à plusieurs universités de Paris et de province, ainsi qu'à certains lycées.
Le 22, les « états généraux des étudiants » organisés à la Sorbonne à l'initiative de l'U.N.E.F.-I.D., syndicat proche des socialistes, appellent à la grève générale dans toutes les universités. Le projet Devaquet est contesté sur trois points : la possibilité accordée aux établissements d'effectuer une sélection à l'entrée et en cours d'études ; l'augmentation des droits d'inscription ; le fait que les diplômes, tout en conservant leur caractère national, porteront le nom de l'université.
Le 23, la Fédération de l'éducation nationale (F.E.N.), principal syndicat d'enseignants, organise à Paris une manifestation « pour l'avenir de la jeunesse » et contre la politique scolaire et universitaire du gouvernement.
Les enseignants sont rejoints par le P.C. et surtout par le P.S., dont les principaux dirigeants défilent, avec environ deux cent mille personnes : c'est le plus large rassemblement depuis le retour de la droite au pouvoir. La veille, François Mitterrand, en visite à Auxerre, a déclaré : « Comment voulez-vous que je me sente déphasé par rapport à ce que veulent exprimer les gens qui manifestent demain et dans les universités? »
Le 27, jour où il était prévu que les députés commencent à débattre du projet Devaquet, les étudiants appellent à des manifestations dans toute la France. Dans le calme, deux cent mille jeunes défilent à Paris devant l'Assemblée nationale et près de quatre cent mille en province : c'est la plus grande mobilisation de jeunes depuis 1968. Après le succès de ces rassemblements, la coordination étudiante appelle à la poursuite du mouvement jusqu'au retrait complet du projet et propose une manifestation nationale pour le 4 décembre à Paris.
Le 28, l'Assemblée nationale, après cinq heures de débats houleux, renvoie le projet en commission pour que de nouveaux amendements soient étudiés sur les trois principales revendications des étudiants. Cette stratégie avait été décidée le matin même par Jacques Chirac, qui avait reçu à Matignon René Monory et Alain Devaquet.
Le 30, Jacques Chirac est l'invité de Questions à domicile sur T.F.1. Il justifie le projet, affirmant qu'il s'inscrit dans la lutte contre le chômage des jeunes, mais déclare que, « puisqu'il y a malentendu ou contestation », il faut que « l'on prenne les huit ou quinze jours nécessaires pour s'expliquer ».