17-31 août 1988
France. Visite du Premier ministre Michel Rocard en Nouvelle-Calédonie après l'accord sur le projet de loi référendaire
Du 17 au 20, deux délégations du RPCR et du FLNKS se réunissent sous l'égide de Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM, dans les locaux du ministère à Paris, rue Oudinot. Elles sont respectivement conduites par le sénateur Dick Ukeiwé et par Jean-Marie Tjibaou. Les discussions portent sur le projet de loi redéfinissant pour dix ans le statut du territoire, qui a été mis au point par le gouvernement après les accords de Matignon du 26 juin et qui doit faire l'objet d'un référendum national à l'automne. Les quelque cent vingt articles du projet sont examinés à marche forcée jusqu'à ce qu'un protocole d'accord soit conclu à l'aube du 20 : les derniers obstacles, à propos de l'amnistie des militants canaques emprisonnés (elle concernera tous ceux qui ne sont pas coupables d'« assassinat »), du découpage du territoire ou de la composition du corps électoral pour le référendum d'auto-détermination prévu en 1998, ont pu être levés. Ce texte est connu sous le nom d’accord d’Oudinot.
Le 24, François Mitterrand exprime pendant le Conseil des ministres « son accord total et profond avec ce qui a été accompli », rendant hommage au Premier ministre et au ministre des DOM-TOM et rappelant qu'il ne leur a pas ménagé ses « encouragements ».
Du 26 au 28, Michel Rocard se rend en Nouvelle-Calédonie. Dans un discours prononcé le 26 à l'hôtel de ville de Nouméa devant mille deux cents personnes, en majorité d'origine européenne, il appelle les Caldoches à « relever un défi » sans précédent : « réussir une décolonisation dans le cadre des institutions de la République française ». Il faut mettre fin au « système inégalitaire », afin que, après « le temps du pardon [...], vienne le temps du partage ». À Poindimié, sur la côte est, il s'adresse le 27 aux Canaques, leur demandant d'être « responsables » et de se mettre « au travail pour construire la Nouvelle-Calédonie de [leurs] espoirs ». Ce voyage se solde par un succès et, avant de l'achever, Michel Rocard annonce la date du référendum, fixée au 6 novembre, ainsi qu'une série de mesures économiques et sociales qui devraient favoriser la promotion des Mélanésiens.
Le 31, François Mitterrand justifie en Conseil des ministres le recours au référendum national, pour permettre à la France de « s'engager par tous ses citoyens ». Des réserves ou des critiques avaient été exprimées tant au sein du RPR que de l'UDF contre cette procédure référendaire, alors que seul le Front national s'était jusqu'alors opposé aux accords signés par le RPCR et le FLNKS.