18-30 novembre 1984
France. Revendications indépendantistes en Nouvelle-Calédonie après les élections territoriales
Le 18, le déroulement des élections territoriales en Nouvelle-Calédonie est fortement perturbé par les membres du Front de libération nationale kanak et socialiste (F.L.N.K.S.), responsables de plusieurs attentats dans les jours qui ont précédé le scrutin. Le mouvement de Libération kanak socialiste (L.K.S.), dont le président Nidoish Naisseline avait rompu avec les autres composantes du Front indépendantiste hostiles à cette consultation, recueille 7,32 p. 100 des suffrages exprimés et six élus sur quarante-deux. Mais le grand vainqueur de ce scrutin est le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (R.P.C.R.), dirigé par Jacques Lafleur, député R.P.R. du territoire et porte-parole de la communauté calédonienne d'origine européenne (les « caldoches ») opposée à l'indépendance. Avec 70,87 p. 100 des suffrages, le R.P.C.R. sera représenté par trente-quatre élus dans la nouvelle Assemblée. 49,87 p. 100 des électeurs n'ont pas pris part au vote, soit volontairement soit parce qu'ils ont été empêchés. Dans les jours qui suivent les élections, les incidents se multiplient entre caldoches et Canaques, qui ont dressé des barrages sur une grande partie du territoire.
Le 22, la nouvelle Assemblée territoriale se réunit pour la première fois et élit à sa présidence Jean Lèques (R.P.C.R.). La tension reste vive : dans l'île de Lifou, le sous-préfet des îles Loyauté est retenu en otage par les indépendantistes jusqu'au 29 ; parmi les forces de l'ordre, quatre C.R.S. sont blessés, le 23, près de Nouméa.
Le 23, Dick Ukeiwé, sénateur R.P.R., devient le premier président du gouvernement territorial tandis que le F.L.N.K.S., qui contrôle une grande partie du territoire, forme un « gouvernement provisoire » dirigé par Jean-Marie Tjibaou.
Dans la nuit du 23 au 24, Georges Lemoine, secrétaire d'État aux D.O.M.-T.O.M., annonce un renforcement du dispositif de maintien de l'ordre et déclare qu'il faut « accélérer le processus d'autodétermination, qui doit permettre d'aboutir à un choix, y compris celui de l'indépendance ». Un haut fonctionnaire, Charles Barbeau, est chargé de mener sur place une « mission exceptionnelle d'information ».
Le 24, les cinq anciens Premiers ministres R.P.R., Michel Debré, Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Messmer et Jacques Chirac, demandent au pouvoir de ne pas « imposer une indépendance rejetée par la majorité de Nouvelle-Calédonie », tandis que sur place la situation se dégrade.
Le 30, près d'Ouégoa, dans le nord-est, un broussard européen et deux Mélanésiens sont tués au cours d'une fusillade.