18 mai-20 juin 2021
Belgique. Traque d’un policier d’extrême droite
Le 18, le virologue Marc Van Ranst, de l’université catholique de Louvain, est placé dans un lieu sûr après avoir été menacé de mort par un membre de la police militaire proche de l’extrême droite, le caporal-chef Jürgen Conings. Ce dernier, qui a menacé de s’en prendre à des symboles de l’État, à une mosquée et à des personnalités publiques, est en fuite, lourdement armé. Une traque mobilisant de nombreux militaires est lancée dans la province du Limbourg où il a été signalé. L’homme était identifié depuis plusieurs années comme extrémiste par le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS), le renseignement militaire. En novembre 2020, son habilitation de sécurité de niveau « secret » lui a été retirée à la suite du dépôt d’une plainte justifiée par la tenue de propos racistes sur les réseaux sociaux. En février, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) a classé le militaire comme « extrémiste potentiellement violent ». Le SGRS n’a pas exploité cette information.
Le 21, une procédure pour « tentative d’assassinat et possession illégale d’armes dans un contexte terroriste » est engagée contre Jürgen Conings.
Le 23, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder annonce avoir ordonné que onze militaires suivis par le SGRS pour leurs opinions radicales n’aient plus accès aux lieux ni aux informations sensibles.
Le 25, Facebook supprime le profil du fugitif, ainsi que le compte du groupe de soutien « Als 1 achter Jürgen » (« comme un seul homme derrière Jürgen »), qui regroupait près de cinquante mille profils. Le chef de la Défense, l’amiral Michel Hofman, admet que le SGRS a commis des « erreurs » dans le suivi du militaire, tandis que la présidente de la Chambre des représentants Éliane Tillieux annonce le lancement par l’organe de contrôle des services de renseignement d’une enquête sur la gestion du dossier.
Le 16 juin, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder transmet à la commission de la Défense de la Chambre des représentants le rapport de l’Inspection générale de la Défense sur l’affaire Conings. Celui-ci dénonce l’absence de réaction du SGRS à l’évaluation que l’OCAM lui a transmise en février, ainsi que les failles dans la procédure d’accès aux armements qui ont permis à Jürgen Conings de se procurer un lance-roquettes.
Le 20, le corps de Jürgen Conings est retrouvé dans les bois à Dilsen-Stokkem (Limbourg). Le militaire s’est suicidé. Les jours suivants, de nombreux témoignages de sympathie envers Jürgen Conings s’expriment, dans l’opinion comme au sein de l’armée.