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19-30 janvier 1993

Togo. Répression de l'opposition par les forces de l'ordre

Le 19, le Haut Conseil de la République (H.C.R.), assemblée de transition, se réunit pour la première fois depuis la prise en otages de certains de ses membres par les militaires, les 22 et 23 octobre 1992. Il juge inconstitutionnel le décret présidentiel signé la veille qui confirme Joseph Kokou Koffigoh au poste de Premier ministre. Le H.C.R. souhaitait la constitution d'un gouvernement d'union nationale chargé de préparer les élections. Désigné par la Conférence nationale qui s'était réunie en juillet et août 1991, Joseph Kokou Koffigoh est à présent désavoué par l'opposition pour avoir appelé à l'arrêt de la grève générale lancée le 16 novembre 1992 en vue d'obtenir le départ du général Eyadéma. À la tête de l'État depuis janvier 1967, le président Eyadéma avait été privé de l'essentiel de ses pouvoirs par la Conférence nationale. Il les a recouvrés en août 1992, à l'issue de la période transitoire d'un an, après que l'armée dominée par l'ethnie kabyé – la sienne – eut obtenu par la force, dès décembre 1991, un ralentissement du processus de démocratisation. Le chef de l'État n'accepte de remettre son pouvoir en jeu qu'à l'occasion de l'élection présidentielle prévue pour décembre. Paris, qui a gelé tardivement son aide militaire, est critiqué par l'opposition togolaise.

Le 25, les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les opposants qui manifestaient dans les rues de Lomé. Le bilan est d'au moins seize morts. Arrivés la veille dans le cadre d'une mission de médiation, Marcel Debarge, ministre français de la Coopération et du Développement, et Helmut Schäfer, secrétaire d'État allemand aux Affaires étrangères, expriment leur consternation et leurs craintes.

Le 30, afin de venger plusieurs soldats et policiers tués depuis le 25, des membres des forces de l'ordre font régner la terreur dans les rues de la capitale, tirant sur les passants et pillant des boutiques. Ces représailles font six morts, parmi lesquels un enfant français. Alors que l'opposition se terre, plus de vingt-cinq mille Togolais fuient vers le Ghana et le Bénin voisins.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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