19-30 octobre 1984
Pologne. Enlèvement et assassinat du père Popieluszko
Le 19, le père Jerzy Popieluszko, aumônier des aciéries de Varsovie, un des prêtres polonais les plus engagés aux côtés de Solidarność, et qui, dans sa paroisse de Saint-Stanislas à Varsovie, prononçait tous les derniers dimanches du mois des « messes pour la patrie » réunissant des milliers de personnes, est enlevé, sur la route de Torun, au nord de Varsovie, par trois hommes, dont l'un est revêtu de l'uniforme de la milice.
Le 23, Jerzy Urban, porte-parole du gouvernement, déclare qu'il s'agit d'une « provocation dirigée contre le régime », et d'« acte de banditisme politique ».
Le 24, Lech Wałęsa rejette, dans un communiqué, la responsabilité de l'enlèvement sur le pouvoir, dont il met en cause la politique de « violence ».
Le 26, le comité central du Parti polonais, réuni en séance plénière à Varsovie, condamne à l'unanimité, à la demande du général Jaruzelski, « cet acte de banditisme » et appelle à un renforcement du contrôle du parti sur les organes de sécurité, ce qui pourrait annoncer une purge dans l'appareil policier.
Le 27, le ministre de l'Intérieur, le général Kiszczak, annonce que les ravisseurs – trois officiers de la police politique – ont été arrêtés et ont reconnu avoir tué le prêtre, puis jeté son corps dans la Vistule. L'émotion est très vive dans le pays, et Solidarność, soucieux d'éviter toute provocation, appelle la population au calme : Lech Wałęsa la dissuade d'aller manifester.
Le 30, la télévision annonce que le corps du père Popieluszko a été retrouvé dans une retenue de la Vistule, au nord de la capitale. Une autopsie est immédiatement ordonnée par les autorités qui estiment que les assassins auraient bénéficié de protecteurs haut placés et auraient été engagés dans un complot plus vaste.