1er-11 mai 2002
France. Réélection du président Jacques Chirac et formation du gouvernement
Le 1er, jour de la fête du travail, à l'appel des syndicats et des partis de gauche ainsi que de nombreuses associations, un million et demi de personnes manifestent à Paris et en province contre l'idéologie du Front national et pour la défense de la République. Le 21 avril, Jean-Marie Le Pen était arrivé en deuxième position lors du premier tour de l'élection présidentielle. La droite ne se joint pas à la manifestation. Le même jour, quelque dix mille sympathisants du Front national défilent à Paris.
Le 5, Jacques Chirac remporte le second tour de l'élection présidentielle avec 82,21 p. 100 des suffrages contre 17,79 p. 100 des voix pour Jean-Marie Le Pen. Tandis que le premier bénéficie d'un bon report des voix des électeurs de gauche, le second peine à mobiliser au-delà de l'audience de l'extrême droite au premier tour. Le taux d'abstention, en forte diminution par rapport au premier tour, s'établit à 20,29 p. 100. Jacques Chirac déclare: « J'ai entendu et j'ai compris votre appel [...] pour que la politique change. »
Le 6, Lionel Jospin présente la démission de son gouvernement au chef de l'État qui nomme à sa place Jean-Pierre Raffarin, sénateur (D.L.) de la Vienne et président du conseil régional de Poitou-Charentes.
Le 7, Jean-Pierre Raffarin annonce la composition de son « gouvernement de mission ». Ses 27 membres sont des fidèles du chef de l'État, à la notable exception de Gilles de Robien (U.D.F), ancien directeur de campagne de François Bayrou, qui est nommé ministre de l'Équipement, des Transports, du Logement et du Tourisme. Nicolas Sarkozy (R.P.R.) est nommé ministre de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, François Fillon (R.P.R.), ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, Dominique de Villepin (sans étiquette), ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, Dominique Perben (R.P.R.), garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense et des Anciens combattants – première femme à occuper ce poste. Deux membres de la société civile, le philosophe Luc Ferry et le président du groupe sidérurgique Arcelor Francis Mer, sont nommés respectivement à la Jeunesse, l'Éducation nationale et la Recherche, et à l'Économie, aux Finances et à l'Industrie.
Le 11, le président Chirac prend vivement position sur deux questions de principe touchant aux valeurs de la République. Il déclare au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, lors d'une conversation téléphonique, que « la campagne antifrançaise en Israël, visant à présenter la France comme un pays antisémite [...] n'est pas acceptable » et « ne saurait se poursuivre sans conséquences ». Le même jour, il juge « inadmissible et inacceptable » que les supporters corses sifflent La Marseillaise lors de la finale de la Coupe de France de football à laquelle il assiste au Stade de France, et demande des excuses au président de la Fédération française de football, Claude Simonet.