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1er-15 février 1994

France. Grève et actions violentes des marins-pêcheurs

Le 1er, un an après la mise à sac du marché de Rungis, des marins-pêcheurs venus du Guilvinec (Finistère) détruisent des produits de la mer importés conservés dans les entrepôts frigorifiques de Lorient (Morbihan) et se heurtent violemment aux forces de l'ordre. Parallèlement, une concertation s'engage avec les pouvoirs publics. Protestant contre la baisse des cours qui ne leur permet plus de supporter les charges d'exploitation des bateaux, les marins-pêcheurs réclament des mesures compensatoires, la fixation de prix garantis et la limitation des importations, et appellent à la grève dans tous les ports.

Le 2, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche Jean Puech présente un dispositif d'aides d'un montant de 300 millions de francs.

Le 4, à Rennes où il venait présenter sa politique d'aménagement du territoire, le Premier ministre Édouard Balladur annonce de nouvelles mesures parmi lesquelles la demande faite à la Commission européenne d'autoriser l'instauration de la clause de sauvegarde qui permet de contingenter et de contrôler les importations. La Commission accepte d'imposer provisoirement des prix minimums sur sept espèces de poissons. De violents affrontements opposent durant toute la journée les quelque 2 000 marins-pêcheurs venus manifester et les forces de l'ordre. Dans la soirée, le bâtiment historique du Parlement de Bretagne est détruit par un incendie.

Le 10, malgré l'appel à la reprise du travail lancé par le président du Comité de survie de la pêche, les marins-pêcheurs votent la poursuite du mouvement, par solidarité avec les « côtiers », patrons de petits bateaux, qui s'estiment oubliés par les mesures gouvernementales.

Le 11, la Commission de Bruxelles, tenue par les réglementations du G.A.T.T. et de l'Union européenne, refuse l'instauration de la clause de sauvegarde, arguant que les importations ne sont pas responsables du marasme de la pêche française qui serait dû à la baisse de la consommation et à la surcapacité de la flotte.

À partir du 15, les marins-pêcheurs – les hauturiers d'abord – reprennent la mer.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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